288 EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
cet acte de vandalisme avait EtE commis pendant le cours du xvif siede :
quelques historiens l’imputent aux Evequcs d’Uzes, le plus grand nombre
au duc de Rohan, pendant les guerres de religion qui desolerent le midi
de la France söus le regne de Louis XIII; mais un examen plus attentif
du monument, lors des dernieres rEparations, a dEmontrE l’inexactitude
de ces diverses assertions. La teinte que la pierre de ces echancrures avait
prise, teinte presque aussi chaude que celle du reste de l’Edifice, bien que
cette pierre fut abritee, et la profondeur des ornieres tracEes sur la voie,
nous font supposer que i’origine de ce passage remonte ä une Epoquc
beaucoup plus ancicnne.
Une semblable mutilation eut promptement entrame la ruine d’un tout
autre Edifice; le pont du Gard y rEsista pendant des siecies. Cependant
les suppliques adressEes ä diverses reprises au souverain par les Etats de
la province, en vue d’obtenir les subsides necessaires ä la reparation de
cet admirable monument, temoignent des atteintes que ce coup lui avait
portees. Le mal devint si grand au commencement du xvnf siEcle, que
l’intendant de Bäville, pour prevenir une cataslropbe qui paraissait immi
nente, se häta, sur le vceu exprime par les Etats generaux de Languedoc,
de prendre le seul parti qui püt le conjurer. Les Echancrures furent bou-
chEes et les piliers restituEs dans leur Epaisseur primitive. On rEserva seu-
lement au droit des piles un petit couloir au moyen d’encorbellemcnts
surmontEs d’un parapet. Cette opEration reduisit tellement le passage, que,
dans une autre assemblEe tenue en 17/13, les Etats provinciaux prirent la
rEsolution de construire un nouveau pont, lequel, achevE en 17/17, sert ex-
clusivement depuis cette Epoque de voie de communication entre les deux
rives du Gardon. Cette construction moderne, adossee lourdement a la face
orientale de l’aqueduc, a du moins ce merite de mettre ce dernier dE-
sormais a l’abri des dEgradations qui ont compromis si longtemps son
existence.
Au reste, les rEparations tres-insuffisantes du xvm“ siede n’avaient fait
qu’ajourner le danger. De nouveaux dEsordres se produisirent bientot et
prirent, dans ces derniers temps, un caracterc si alarmant, que l’admi-
nistration des monuments historiques n’hEsita pas a s’imposer les plus
grands sacrifices pour assurer, d’une maniere durable, la Conservation
de ce prEcieux Edifice. Deux de ses architectes, MM. Questel et Charles
LaisnE, furent chargEs de diriger les travaux d’une grande restauration.
L’exEcution de ce projet prEsentait des difficultEs d’une nature tout ex-
ceptionnelle.
II ne s’agissait plus, en effet, comme autrefois, de pallier le mal par
des reparations superficielles et par de simples travaux d’Etayement;