MONUMENTS HISTORIQUES. 313
piscine est un peu plus eleve que celui du premier conduit, de maniere
que ie fond de celle-ci füt toujours immerge.
Parmi les debris de toute espece que les deblais ont mis au jour, on a
trouve une pierre travaillee de forme tres-etrange et a laquelle il est diffi-
cile d’assigner une destination precise. C’est uue sorte de fut cylindrique,
cantonne de quatre petites piles carrees, et perce d’un trou circuiaire dout
l’orifice s’ouvre sur le cote d une petite cuvelte en forme de calotte sphe-
rique renversee, de 11 centimetres de diametre sur 3 de profondeur.
Peut-etre est-ce la un des premiers spdcimens de ces fonts baptismaux qui
remplacerent les piscines, lorsque le mode dadministrer le bapteme par
immersion fut tombe en d^suetude.
L’examen des materiaux qui ont servi a la construction du temple
Saint-Jean, leur dimension, leur qualite, la purete de la taille, ne lais-
sent aucun doute sur leur provenance. Ils ont ^te, comme les fragments
antiques qui d^corent l’interieur de l’^dilice, tires de ces nombreux et
somptueux monuments dont l’administration romaine avait dote la ville
de Poitiers, et que le christianisme naissant mit un acbarnement si bar
bare a detruire comme les symboles du paganisme. Un fait analogue et
des plus regrettables, la destruction des restes de lancien amphitheatre,
est venu tout recemment confirmer l’exactitude de ces observations. Dans
les massifs de mafonnerie du gros oeuvre du temple Saint-Jean, et plus
particulieremont dans la construction de la voüte de labsule principale,
on a fait usage d’un tuf tr^s-leger, agglomeration calcaire tres-friable de
debris vegetaux, dont la carriere est aujourdhui completement perdue. Oi
on a reconnu que les voutes des corridors, des escaliers, des vomitoria de
l’amphitheätre avaient M en grande partic construites avec ce rneme tuf,
tres-remarquable au point de vue geologique.
Une partie des briques meldes a l’appareil se compose de tegulm a
rebords, ayant subi de merne un premier emploi 1 .
Ces travaux d’investigation, dirig^s par M. Joly-Ueterme, architecte des
monuments historiques, ont permis de rendre au temple Saint-Jean sa
forme et ses dispositions primitives. Ues absidioles laterales ont 4te recons-
truites, les arcades qui y donnaient entree recouvertes, les anciens contre-
forls retablis, toutes les partics de l’cdifice reprises et consohdees.
Le caractere architectonique de ce curieux monument n’est pas le seid
inleret qu’il presente. 11 est orne ä 1’interieur de remarquables peintures
du xii° siede. Elles occupent la partie sup^ricure de Fedifice, et paraissent
avoir eie execulees par les artistes qui decorerent 1 eglise Saint-Savin.
Rapport de M. Joly-Leterme, extrait des Archives de la Commission.