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MONUMENTS H1STOR1QUES.
achevee par saint Exupere, son successeur. Le nouvel ediiice, qui fut 1c
berceau de l’eglise que nous avons encore sous les yeux, occupait au nord
de la viile un vaste terrain alors completement desert, a plus de 5oo metres
au delä de l’enceinte romaine. Saint Exupere y transfera en grande pompe
les reliques du saint martyr, et en confia la garde a des religieux qu’il
etabiit dans des batiments adjacents et qui furent dans la suite remplacdis
par une communaute de chanoines placee sous la regle de Saint-Augustin.
Que devint cette premiere eglise de Saint-Sernin au milieu des inva-
sions des Vandales, des Sueves, des Alains et enfin des Visigoths, qui se
succederent pendant les siecles suivants? On l’ignore, mais il est ä pre-
sumer que sa Situation hors des murs de la ville l’exposa ä de frequentes
ddvastations. Ce que nous savons, c’est que ces temps d’epreuve ne firent
que raviver la foi que les Toulousains avaient en la protection de leur saint
patron. Au dire des cbroniques, la ville ne dutqu’ä son intercession d’etre
epargnee par les barbares, et il est vraisemblable que, la tourmente une
fois passde, le premier soin des habitants fut de reparer les dommages que
l’abbaye avait soulferts. C’est ainsi que, dans les siecles qui suivent et
lorsque les Francs eurent cliasse les Visigoths de 1’Aquitaine, nous la re-
trouvons jouissant d’un tel renom dans toute la ehretiente, que le roi
Dagobert fit Iransporter une partie de ses reliques dans l’abbaye de Saint-
Denis. L’irruption des Sarrasins dans le midi de la Gaule, au commen-
cement du vm e siede, vint brusquement interrompre cette ere de pros-
perite. Les auteurs de la Gallia christiana disent que la basilique de.
Saint-Sernin futdetruite en 721, pendant le siege de Toulouse, par l’emir
El-Zama. Et en eilet, bien que la ville ait ete secourue et delivree, il est
fort probable que le monastere n’echappa pas au fanatisme des Musuhnans
qui camperent plusieurs mois aulour de la place. D’autres presomptions,
d’ailleurs, viennent a l’appui de cette assertion. On a retrouve dans Teglise
actuelle plusieurs fragments provenant d’un edifice evidemment anterieur,
et dont le style semblerait se rapporter a l’epoque carlovingienne; nolam-
ment des bas-reliefs en marbre replaces au xiT siede dans les soubas
semen ts du tour du sanctuaire. Il y a donc tout lieu de croire que l’edificc
de sainlExupere, tout au moins fort deteriord par les coups qui lui avaient
eteportds, a eld, vers le commencement du ix e siede, Tobjet d’une grande
reconstruction. Par qui cette reconstruction ful-elle entreprise? Aucun
documenl historique ne nous renseigne a cct egard. De vagues traditions,
il est vrai, donnent a Charlemagne le nom de seconcl fondateur de la basi
lique de Saint-Semin; mais nous pensons que ce titre serait plus justement
attribue ä son fils Louis le Debonnaire. Ce picux monarque, qui regna
pendant trentc ans sur l’Aquitaine, dut, en eifei, partager la venerution