328 EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
Philippe le Hardi, en 1272, y est recu et prodame herilier de la province
du Languedoc; Philippe le Bei la visite en i3o3; Charles VI, en i38q;
Louis XI, en 1/163, y est attire pir sa devotion pour les reliques et les
saintes images; Francois I er , captif et malade a Madrid, lui fait, pour sa
delivrance, un vceu dont il s’acquitte plus tard par un hommage solennel
et des presents magnifiques; Charles IX, en 1 563, s’y arrete avec toute
sa cour; Louis XIII, enfin, en 1 63e , et Louis XIV, a l’epoque de son ma
nage, se proslerncnt devant ses autels. C’esl pendant le sejour que fit a
Toulouse le premier de ces deux princes que fut signde la sentence du
dernier des Montmorency, si regrette du peuple de Toulouse et dont les
restes, apres le drame du Capitole, furent pieusement deposes dans l’une
des chapelles de l’eglise, qui porta depuis le nom de chapelle des Mont-
morency.
La veneration dont dait entouree la basilique de Saint-Saturnin dans
tout le midi de la France ne s’adressait pas seulernent au saint apötre; le
peuple y retrouvait avec emotion le culte de ses traditions etjusqu’au Sou
venir de ses legendes. C’est ainsi que le Livre di/teures de Charlemagne',
ofTerl jadis par ce prince a la vieille basilique carlovingiennc, et transmis
d’age en äge a travers tant de vicissitudes, lui rappelait sa delivrance du
joiig des Sarrasins; c’est ainsi encore qu’un olifant d’ivoire, conserve pre-
cieusement a cöte de tant de reliques sous le nom de Cor de Roland, lui
remettait en memoire les exploits de ce hfros si longuemenl chante par
les poetes du Languedoc pendant tout le moyen age; ce corps remplacait
les cloches aux derniers jours de la semaine sainte, et ses sons mdanco-
liques appelaient les fideles aux offices.
Bien qu’elle n’ait ete l’objet d’aucune aulre transformation postdieure
au xii 0 siede, et que, par un rare privilege, eile n’ait den perdu de son
admirable ensemble et de ses helles proportions, !’<%lise Saint-Saturnin,
incomplete comme presque tous les grands edifices religieux du moyen
age, n’a pas traverse tant de siecles sans subir des reconstructions par
tielles et de regrettables alterations. II est probable que les querelles reli-
gieuses qui agiterent le midi de la France a la fin du xu° si&cle inter-
rompirent sa construction, car sa fa?ade est restee inachevde, et ce n’ost
que dans le cours du xiif siede que fut continue le clocher central, dont
les deux dages inferieurs appartiennent seuls au siede prdeedent. A la fin
du xiv° siede, on crut necessaire d’augmenter considerablcment la section
des quatre piliers du transept qui flechissaieut, paraitrait-il, sous le poids
de ce clocher. Cette rdparation, ([ui detruisit l’aspect imposant de cette
Offert 4 Napoleon I"par le maire tle Toulouse, et aujourd’hui au musee des Souverains.