MOM)MEMS HIST0RIQUES.
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partie de l’edifice ct rendit lc transept etroit ct obscur, fut probablement
la cause des modifications importantes qui furent introduites a la meme
epoque dans les dispositions du cbceur. L’autel et le tombeau de saint Sa
turnin, places originairement sous la coupole, furent recules vers l’abside,
et la partie du sanctuaire oii ils furent transporl^s recul un exhaussement
de plusieurs marches qui entraina la reconstruction partielle des cryptes.
Pendant le cours de ce merne siede, la partie inferieure de la nef, pres
de la fajade occidentale, et, au xv° siede, toute la partie superieure de
la nef depuis la troisieme trav^e apres le transept, furent egalement
l’econslruites, en suivant les donnees primitives. En i596, une bulle du
pape Clement VII supprima la communaute des chanoines, et l’abbaye,
secularis^e, devint un opulent benefice de cour. Une partie des vieux bati-
ments claustraux fut demolie pour faire place ä un palais que les nouveaux
prelats, les Simiane, les Joyeuse, les Lavalette, les Euze d’Effiat, deco-
rerenl avec toute la magnificence de l’^poque. L’eglise ne subit que des
remaniements partiels, mais, quelques anmies plus tard, en i562 , eile
courut de grands risques dans une attaque qu’elle eut a soutenir contre
les calvinistes. Pendant plusieurs jours, leur artillerie, postee sur la plate
forme de rhotel de villc ct sur la tour de Perigord, batlit en breche la
vieille basilique, qu’il fallut transformer en une verilable citadelle. Des
meurtrieres furent pratiquees dans la partie inferieure des fenetres, et
des crenclages a la base des voutes pour y placer de petites pieccs de
canon. Un bas-relief en bois, provenant de l’une des cbapelles, et que l’on
voit encore dans les galeries superieures, represente ce singulier arme
ment. Gräce ä l’energie de la ddfense, l’eglise fut sauvee, non sans avoir
sondert de graves dommages, et, depuis lors, chaque anniversaire dtait
celebre par une procession, famcuse dans les annales du Languedoc, et
dans laquelle on voyait figurer lc clerg6 de la ville, tous les corps mo-
nastiques, le parlement et les capitouls. Ce fut apres ce siege que l’on sc
decida ä poser des combles en charpente sur les voutes, car dans l’edifice
primitif les couvertures etaient directement placees sur ces voutes. L’eglise
conserva d’ailleurs son armement; jusqu’en 1790, le bruit des coule-
vrines de Saint-Sernin se mela au son des cloches, aux epoques de grande
solennite; pendant la Devolution, dies furent donnees a la garde natio
nale, puis livr^es ä la fonderie militaire.
La veneration et la sollicitude dont l’eglise Saint-Saturnin dtail l’ob-
jel ne la preserverent pas aussi heureusement de 1 invasion du mauvais
goüt. Au commencement du xvn" siede, le chceur fut envelopp4 par une
lourde et massive boiscrie qui en masqua l’arcbitecture et dont la pose
entraina la mutilalion de plusieurs des colonnes supportant les arcs-dou-