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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
leur aplomb; leurs aretes sont parfaitement droites et verticales, ioujours
vives et sans la moindre ondulation. L’&lifice, a son aspect exterieur, est
meme dune Conservation surprenante pour son grand äge, bien que sa
construction remonte jusqu’a Tan 1100, 4poque oii l’on pretend meme
que cette construction n’etait qu’une reedification sur le meme plan. Les
quelques lezardes que Ton rencontre dans plusieurs parties de murs et de
voutes sont de celles qu’on peut rapporter ä la vetuste des materiaux plu-
tbt qua un vice originel de la construction, etant ä remarquer que des
lezardes de ce genre existent dans le choeur et y sont meine plus pronon-
cees, quoique cette partie du monument n’ait point dprouvd le mouve-
ment extraordinaire de la grande nef.
Une seule arcade de la nef a 6te alterte grievement, c’est celle contigue
aux piliers qui portent les tours, c’est-ä-dire celle d’extremite pour la-
quelle le bouclement est le moins fort; mais j’expliquerai plus loin que
ses alterations tiennent ä une autre cause, et, comme on le verra, plus
dangereuse.
Au demeurant, on ne connait point l’epoque oü le bouclement de la nef
s’est op6rd; la gen6’ation actuclle l’a toujoursvu, et les precedentes n’ont
laisse aucune tradition indiquant cette date. On presume a Laon que cet
elfet s’est declare des les premiers temps de la construction, et l’on rap-
[lorte ä la meine origine le placement des chainages qui ont ete poses en
vue de s’opposer aux progres du mouvement.
Cet appareil consiste : i° en un chainage horizontal ä la naissance des
grandes voutes, qui empeche leurs sommiers de secarter; 2° en d’aulres
chainages au-dessus des voutes des bas-cötes, qui prennent leur tirage sur
les massifs de construction des murs des chapelles laterales, et qui, agis-
sant ainsi en sens inverse des chainages des grandes voutes, neutralisent
les elforts opposes qui Iroublaient la stabilite des murs.
Cette combinaison a ete complötement efficace; ces deux temps d’arret
ont siilli pour retablir l’«5quilihre, au point que le mur exterieur du Irifo-
rium existant a la liauleur des grandes voutes, mur qui est evidemment a
porte-a-faux, s’est maintenu parfaitement vcrtical, sans fissure ni rupture
graves, parce qu’il y a dans l’ensemble de la construction, malgre les ano-
malies, application rdelle et evidente d’un principe de statique qui admet
que la stabilite existe tant que l’aplomb du centre de gravite ne sort pas
du perimetre de la base.
Malgre ce que cette explication theorique peut avoir de satislaisant,
l’imagination n’en reste pas moins elfrayee a la pens^e que le sort de l’e-
glise ne depend que d’un bout de chaine qui pourrait rompre. On peut
meine craindre que des fers si anciennement plac^s ne soient a la veillc