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MONUMENTS HISTORIQUES.
d’etre hors de Service, et qu’ainsi le monument ne soit menace d’une ca-
tastrophe.
Pour fixer mes idees snr ce point important, je me suis approche des
fers autant qu’il m’a ete possible, en passant par la galerie etroite du tri—
forium, et j’ai verifie que ces fers paraissent tres-anciens, qu’ils ont meine
ressenti les atteintes de ia rouille, et, quoiqu’iis aient encore i’apparence
d’une certaine force, je doute que ce soit a leur seule influence que la
Conservation du monument doive elre attribuee.
Cette observation m’a confirme dans l’opinion des habitants de Laon,
sur l’origine primitive du niouvement des murs de la nef, mais en y fai-
sant intervenir une consideration particuliere dont il faut tenir compte,
pour expliquer le maintien de l’equilibre sans avaries subsequentes.
En parcourant la cathedrale dans tous les sens, j’ai remarque que par
tout la construction est en tres-bonne pierre dure et resistante, mais ge-
neralement de petit appareil et posee sur joints de mortier de 2 a 3 cen-
tiinetres d’epaisseur.
On sait qu’anciennement l’usage etait en France de n’employer que la
chaux grasse, chaux qui, etant cboisie de bonne qualite, donne de tres-
bon mortier, mais qui demande un assez long temps pour acquerir toute
sa durete.
Jusqu’ä parfaite densit^, des joints aussi epais ont du rester suscep-
libles de compression. Ne serait-il donc pas possible que, dans le premier
siede de la construction, cette seule cause eut produit la genuflexion des
colonnes, car, en rdlite, la plus grande partie du poids de l’edifice vient
retomber sur elles? Ceci expliquerait encore comment, la compression
s’etant op<iree egalement et progressivement dans les parties liautes, rien
n’y a ete dechir4; la construction a seulement subi une deformation,
mais sans desunions ni brisures.
Redescendu dans la nef, j’ai examin4 avec soin les tambours des co
lonnes, et il m’a paru, ä quelques assises, que leurs joints etaient sensi-
blement plus serres vers l’interieur de la nef que sur le cot6 oppose, du
resle sans fissures ni ruptures de la pierre.
Je dois encore ajouter que, ayant v4rifi^ le niveau des faces superieures
des bases de colonnes, je les ai trouv^es sans Variation jiotable, situ^es
dans un meine plan horizontal; d’ou l’on peut conclure que les fondations
n’ont pas bouge et que l’influence du sol est drangere au tassement de
l’edifice. Je note particuli&rement cette circonstance, parce qu’elle devient
d’une precieuse ressource pour les travaux ultericurs qu’il y aura a pro-
poser a la catbedrale de Laon.
Gertainement, a l’epoque 011 le mouvement s’est elfectue, l’application