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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
core prolongee sans une autre circonstanee nefaste qui doit etre attribuee
moins ik ses combinaisons propres qu’aux habitudes de son temps.
On sait <pie generalement les architectes du moyen äge ne se sont point
fait faute d’evider Tun des angles des tours pour y placer un escalier.
Nombre d’exemples attestent qu’un de ces angles repose en porte-ä-faux
sur un noyau tres-mince ct sur des langues de murs echancrees; on se
fiait sur ce que la succession des marches donnait a cet ensemble une con-
sistance süffisante. Cet usage, passd en regle, n’a point fait defaut ä la
catbedrale de Laon; toutes les tours (et dies devaient etre au nombre de
sept) sont affectees de ce vice origincl; c’est aujourd'hui la cause la plus
radicale de leur deterioration.
Si l’on se reporte au plan de l’edifice, on voit que les escaliers des tours
du portail olfrent en outre cette particularite, qu’ils vont en se retrdcissant
a mesure que l’on monte. Ceci n’etait a autre fin que de donner plus de
force a la partie haute des murs, les parties basses paraissant suffisam-
ment eperonnees par le surcroit d’epaisseur des contre-forts exterieurs.
De cette disposition il n’en est pas moins resulte que c’est principalement
dans les parties basses de ces escaliers que les lissures se sont le plus
manifestees, tandis qu’elles sont moins frequentes dans le baut; ces de-
chirements se sont etendus jusque dans les contre-forts. C’esl en vain
qu’il y a quelques annees on a rejointoyd et quelque peu repris ces conlre-
forls : les memes fissures et ruptures de pierre se sont reproduiles; il y
a toujours fatigue dans ces parties de la construction, parce que la cause
primitive, c’est-ä-dire i’exces de poids sur la base, n’a pas dimmue. Je
tiens ä faire remarquer que l’alteration de Fangle de I escalier est deja
fort ancienne; j’indiquerai meine jilus loin les causes d’infiltrations sou-
terraines qui ont pu y contribuer. Indubitablement eile a prdeede le bom
bement du pilier, ou du moins ce dernier n’a commence ä devenir alar-
mant qu’a la suite des travaux infructueux qui ont die operes sur l’angle
opposd.
L’ordre de succession des faits est important a reconnaitre, car, d’une
part, c’est le meilleur guide a suivre dans le cours des consolidations;
de l’autrc, il fixe les idees sur la portee rdelle des moyens qu’il faut y
appliquer.
A l’egard des travaux faits en 1887, et d’autres du rnerne genre execu-
tes anlerieurement, on ne doit pas s’etonner qu’ils aient eu peu d’effica-
citd, parce que, dans ces sortes d’ouvrages, on ne s’est attacbe qu’a re-
medier ä des indications exterieures, mais qui n’alteignaient point au
cceur de la maladie; au Heu de proceder du dehors au dedans, c’etait a
l’inverse, du dedans au debors, qu’il fallait operer.