MONUMENTS HISTORIQUES. 365
enfoncde en quelques endroits de 3o a ho centimetres. Ce sondage, exe-
cutd sur plusieurs assises conseculives, m’a rendu presque certain que l’ap-
pareil des piliers est h. tres-peu pres celui que j’ai tracc sur la figure V. Je
n’enlendrais pas dire que cette combinaison fut invariablement cellc qui a
dtd suivie dans toule la bauteur des piliers; mais il y a forte presomplion
de croire qu’elle cn differe peu.
Ce tracd nous apprend deux cboses :
La premiere, que la construction interieure du pilier est asscz com
pacte, et qu’il est peu ii prdsumer qu’on y rencontre des noyaux de blo-
cage, comme il n’est pas rare d’en trouver dans les constructions dites
gothiques; d’autre part, la faible dimension du pilier ecarte cette idee.
La seconde que, bien que le pilier ait peu d’dpaisseur comparativement
ä la charge qu’il Supporte, il a dtd compose de pierres de mddiocres di-
mensions; cette derniere observalion ne serait pas directement en faveur
de sa soliditd, mais eile laisse entrevoir plus de facilite pour se liaisonner
avec un appui auxiliaire.
C’est en partant de ces considdralions que j’ai con<ju le Systeme de con-
solidation dont je vais avoir l’honneur d’exposer le principe.
D’abord, en ce qui concerne les piliers angulaires de la nef, le rnoven
le plus desirable serait sans contredit celui qui, en les laissant isoles, ne
changerait absolument rien a leurs formes ou dispositions primitives, celui
enfin qui n’aurait pour but que de les remettrc d’aplomb et de changer
les pierres avarides. Mais de songer ä les reprendre en sous-ceuvre, assise
par assise, ce serait la, je l’ai dit, une Operation trop hasardeuse sous
l’influence d’une masse aussi formidable de construction : chances de pd-
ril a part, en rdsultat, et tout en absorbant une ddpense considei’able,
eile n’aurait pour effet que de substituer de la pierre a d’autre pierre qui
resiste encore; cela n’obvierait point a l’action de poussee que le pilier
subit, et qui est plus redoutable, en l’espece, que l’ecrasement. C’est cette
poussee qu’il faut ddtruire; c’est donc un epaulement qu’il faut, et il faut
l’obtenir sans ddfigurer l’edifice.
Le moyen le plus direct de le pratiquer, c’est d’interposer entre les
deux piliers une construction qui les relie ensemble et les contre-bute mu-
tuellement, et, pour ne pas troubler l’harmonie intdrieure de la nef, rien
ne serait plus naturel que d’en puiser la forme dans l’ddifice meine. A cct
effet, on pourrait prendre pour modele l’une des travees de la grande
nef et la disposer comme l’indique la figure VII de rnes dessins.
Par cet arrangement, les piliers des tours seraient in variablement
maintenus en trois hauteurs differentes, et dont la derniere correspon-
drait a l’arceau de la grande voute cpii est en souffrance. Cette opdration