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MONUMENTS HISTORIQUES.
Ici, cleux systemes de consolidation se pr^sentent: Tun pourrait con-
sister a supprimer l’escalier et ä remplir son espace vide par une macon-
nerie compacte, laquelle deviendrait une base directe pour l’angle de la
tour qui en est priv4; l’autre pourrait consister ä reprendre en sous-ceuvre
et ä neuf les parties basses de i’escaiier, ainsi que le contre-fort attenant
qui en est le soutien, et dont on pourrait accroitre la force en empietant
quelque peu sur les empatements de la fondation.
A l’appui du premier parti, on pourrait dire que, si respectables que
soient les anciens usages, il en est qui consacrent des anomalies de prin-
cipes et des hardiesses d’ex&ution que les regles de l’art reprouvent; qu’il
arrive une epoque ou ces pratiques dangereuses deviennent compromet-
tantes, et qu’il convient, des lors, d’en affranchir les edifices dans l’int^ret
de leur Conservation.
En faveur du second, on pourrait alleguer que les vieilles traditions et
anciennes pratiques meritent toujours d’ßtre respectiies; que si, en appa-
rence, certaines dispositions de ce gern e contrarient les preceptes rationnels
de l’art, eiles sont, d’autre part, justifiees, d’abord par un but d’utilite,
puis par l’experience de plusieurs siecles, qui demontre qu’eiles renfer-
maient en elles-memes une facult^ de duree qui les rend moins condam-
nables : si donc il existe des moyens d’en prolonger le maintien, il y aura
toujours avantage pour l’art et ]iour la verite historique ä conserver l’edi—
fice dans ses primitives donnees.
Apres avoir conf^r^ ensemble, M. Vancleemputte et moi, nous n’avons
point fait de choix entre les deux systemes; pour nous decider, il nous
aurait fallu des plans d^taillds exacts de l’escalier, qui nous manquaient,
et le peu de temps que j’avais a restcr a Laon ne permettait pas d’attendre
cette 6tude. Ce travail est en train. Cependant je dois avouer que, avec
la niflexion, j’inclinerais pour le second parti; voici mes raisons d^termi-
nantes :
A mon avis, il ne suffirait pas de remplir la cage de l’escalier, si
cette construction ne devait etre que d’applique sans se Her avec les murs
du pourtour; car, si ce perimetre n’^tait pas retabli, l’angle de la tour
ne cesserait pas de s’alterer. En eflfet, cette Operation dquivaut a tres-
peu pres a la reprise en sous-oeuvre des pans de murs de l’escalier. Au
tant vaut donc attaquer direclement celle-ci; le temps n’accordera pas
moins sa fonction a cette reprise qu’il n’a fait a la construction d’origine.
D’autre part, j’insiste sur cette circonstance que j’ai deja signal^e , savoir :
que tous les angles de tours, toutes les aretes exterieures de contre-forts,
observ^s du dehors, n’ont pas sensiblement d^vid de leur aplomb; or
une re|)rise en sous-ceuvre est toujours praticable lorsque la verticalite