MONUMENTS HISTORIQUES. 369
temps pour le soulager d’un poids considerable; car, avec le quart de ces
bois, on pourrait disposer une charpente a fermes distancees beaucoup
plus convenable. Mais une circonstancc particuliere fait de ce changement
une necessite.
Dans toute la partie du comble correspondante a la nef, et de temps
immemorial, tres-probablement a la suite du mouvement que la nef a subi,
toutes les fermes se sont deversdes parallelement vers le portail, exactement,
et pardonnez-moi la comparaison vulgaire, comme des capucins de cartes.
La deviation de la verticale est un angle de i5 a 20 degr^s. Cet effet n’est
pas rare dans les anciens ^difices; ici, comme ailleurs, on n’a rien imagine
de mieux, pour arreter ce mouvernent, que de placer de six en six fermes
desetangons obliques qui viennent s’appuyer surles enlraits; mais, comme
ces entraits auraient llechi, on les a soutenus par des pointails qui pres-
sent immediatement sur l’exlrados des voutes : il y a de ces entraits qui
portent jusqu’ä trois etancons.
Assurement, rien ne prouve mieux l’excellente construction des voutes
que la resistance qu’elles ont oppose a cette pression depuis tant d’annees;
mais on conviendra que c’est abuser dtrangement de la force d’inertie du
monument que de le sournettre a de pareilles epreuves, aujourd’hui sur-
tout qu’il devient si utile de le soulager par tous les moyens possibles.
J’ai pensd qu’en presence de cet etat de cboses vous jugerez convenable
d’ordonner a M. Vanclecmputte de dresser un devis pour le changement
de la charpente et pour 1’Etablissement d’appareils electriques, afin de ga-
rantir le monument de sinistre. Ces preservatifs sont a present appliques
generalement a tous les edifices de quelque importance; la cathedrale de
Laon n’en peut rester depourvue.
En jetant les yeux sur le plan general de la cathddrale, on voit qu’elle
n’est degagee que sur une tres-faible partie de son perimetre, et qu’clle
reste obstruee par un grand nombre de conslructions parasites, dont une
partie, cependant, apparlient a la fabrique et a la ville; entre autres , les
bätiments qui bordent la rue du cloitre, designes sous le nom d’ancien
chapitre, aujourd’hui sans emploi et tombant en ruine, parce que, des
longtemps abandonnes, ils sont aussi anciens que la cathedrale, si meme
ils ne lui sont anterieurs.
Ces batiments ne joignent pas precisement les murs de l’eglise, mais ils
n’en sont eloignes que par des ruelles et des petites cours qui n’ont guere
plus d’un metre de largeur, et ou les eaux, de part et d’autre, viennent
sepancher a double versant. Ces etroits espaces originairement ont ete
dalies, et des caniveaux y ^taient pratiques; mais actuellement ces dallages
sont cribles, cnfonces et mutiles; il ne reste pas trace de gargouillcs ni de
V.