MONUMENTS H1STORIQUES.
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dans les mains dTm commendataire qui prdevait le tiers de ses revenus,
mais n’avait aucun droit d’ingdence dans les affaires de la communaute,
dont un simple prieur eut desormais la direction. Cette seconde phase de
son existence fut violemment agitee par les querelles polidques et reli-
gieuses qui signalerent la seconde rnoitie du xvi e siede. Entraimie par ses
nouveaux abbd, les cardinaux de Bourbon et de Guise, ä prendre une
part active aux mends de la Ligue, ses vastes batiments devinrent le
tldatre des rtiunions les plus turnultueuses, et sa paisible enceinte prit
un moment l’aspect d’une place de guerre.
Bien que ces desordres y eussent singulierement relache les mceurs et
la discipline, l’antique communaute d’Ourscamp survdut ä la plupart des
dablissements monastiques, et son faste, ses richesses, la pompe des ce-
dmonies du culte, ne cesserent d’y attirer une multitude de pelerins et
de visiteurs illustres. Elle continua de prospder jusqu’a sa dissolution de
finitive, et comptait encore au xvu e siede un personnel de 5oo moines,
pretres, freres de chceur et freres convers.
II n’entre pas dans le cadre qui nous est donne de nous etendre plus
longuement sur le pass4 de cette fondation cdebre, dans lequel nous avons
du nous borner a rechercher les origines du monument, seule partie qui
subsiste encore de l’abbaye primitive. En effet, presque tous les batiments
claustraux ont de reconstruits au xviif siede, et, quoique l’aspect general
en soit encore assez grandiose, ils n’offrent plus, au point de vue de l’his-
toire de l’art, qu’un intdet tout a fait secondaire. Deux des constructions
anciennes avaient seules dhappd a cette regrettable transformation : la
grande ^glise abbatiale, d^molie pendant la Bevolution et dont il ne reste
plus que des ruines, et un vaste batiment, celui-ci parfaitement intact, que
nous allons examiner.
Cette construction, connue sous le nom de Salle des Morts, appartient
bien par son architecture a ces premieres annees du xiif siegele que nous
avons indiquees comme l’epoque probable oü l’oeuvre premiere de l’deque
Simon a de remaniee. Et d’abord, quelle dait sa destination? Quelques
auteurs, se fondant sur la denomination quelle a conservd, n’y voient
qu’un Heu ou les religieux du couvent daient exposes aprd leur mort.
D’autres ont pense qu’elle devait servir de grande salle de cbapilre pour
les assemblees generales de l’ordre de Cileaux, par exemple, dont Ours-
camp dtait une des principales succursales. Mais la liauteur et l’etendue
du vaisseau, ses dispositions interieures toutes speciales, sa frappante ana-
logie avec d’aulres constructions du meine temps et dont la destination
n’a jamais de contestd, son isolement enfin au milieu de batiments relies
entre eux par de nombreuses Communications, ne permettent pas de s’ar-