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MONUMENTS HISTORIQUES.
ct prescntaicnt une decoration sobre et pleine de gout. L’air et le jour y
entraient largement par un double etage de fenetres, celles du haut ä
vitrages fixes, celles du bas a chassis mobiles. Elle pouvait contenir facile-
ment cent lits; suivant la disposition generalement adoptee a cette epoque,
ces lits, plac^s perpendiculairement aux travfies, devaient former quatre
rangs, dont deux dans la nef centrale et les deux autres dans les nefs late
rales. Le long du mur, au droit des colonnes, sont percees de petites
niches a hauteur de la main, pour deposer les boissons ou les pansements
des malades. Une grande cheminee s’ouvrant contre le pignon sud per-
mettait d’assainir et de rdchauffer ce vaste interieur. On penetrait de ce
cöte dans une petite salle annexe qui servait probablement de cuisine et
de laboratoire.
Cette belle et savante construction, ou l’art se combinait dans une si
juste mesure avec les exigences de la destination, dait, comme nous
l’avons dit, completement isol4e du reste de Fabbaye; precaution indispen
sable en des temps oü les maladies contagieuses faisaient tant de victimes.
Seid, le pignon du nord se rapprochait de l’un des bras de croix de l’«5glise.
Une petite porte, ouverte ä l’angle de ce pignon, donnait probablement
acces dans le chceur, au moyen d’un passage qui permettait aux convales-
cents d’assister aux ofiices et par lequel on apportait aux malades les con-
solations de la religion.
L’eglise est aux trois quarts detrnite. 11 ne roste vestige ni de la nef ni
des collatdaux; le cbceur seul subsiste encore, mais depouille de sa toi-
ture, les voütes ä denii ecroulees. L’aspect de ces ruines, encadrees par
des arbres qui les soutiennent et les completent en quelque sorte, est des
plus pittoresques et des plus imposants.
Les beaux restes de l’abbaye d’Ourscarnp, conserves avec autant de soin
que d’inlelligence par leurs derniers proprietaires, font aujourd’hui partie
d’une filature dont les aleliers et le personnel occupent les batiments de
l’abbaye, reconstruits au siede dernier. Seule, la belle Salle des Morts,
preservee par son isolement meme, n’a subi aucune modification et est
rest^e teile que ses premiers constructeurs l’ont laissee. On l’a, par une
heureuse idee, convertie tout recemment en chapelle, et cette appropria-
tion nouvelle, si bien en harmonie avec le caractere et la destination pre-
miere du monument, assure ä la fois son entrelien et sa Conservation.