MONUMENTS HISTOR1QUES.
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pendant huit mois de Fannie, et d’y rdsider avec leur famille et leurs vas-
saux dui'ant tout ce temps-lä. Ces gentilshommes, qui se qualifiaient de
chatelains de Carcassonne, promirent par serment au vicomte de garder
fidelement la ville. Bernard Aton leur accorda divers privileges, et ils
s’engagerent, a leur tour, a lui faire hommage et a lui pr4ter serment de
fidelite. C’est ce qui a donne l’origine, a cc qu’il parait, aux mortes-payes
de la citd de Carcassonne, qui sont des bourgeois, lesquels ont encore la
garde, et jouissent pour cela de diverses pr^rogatives.»
Ce fut probablernent sous ce vicomte Bernard Aton, ou au plus tard
sous Roger III, vers 1 i3o, que le chäteau fut elevd et que les murailles
des Visigoths furent reparees. Les tours du chäteau, par leur construction
et les quelques sculplures qui decorent les colonnettes en marbre servant
de meneaux de fenetres geminees, appartiennent certainement ä la pre-
miere moitie du xif siede. En parcourant l’enceinte interieure de la eite
ainsi que le chäteau, on peut facilement reconnaitre les parties des bätisses
qui datent de cette epoque; les parements sont elev4s en gres jaune et
par assises regulieres de 15 ä 2 0 centimetres de hauteur sur 2 0 ä 2 5 cen-
timetres de largeur.
Le premier jour d’aout 1209, le sidge fut mis devant Carcassonne par
l’armee des croises, command^e par le edebre Simon de Montfort. Le vi
comte Raymond Roger avait fait augmenter les defenses de la eite et celles
des deux faubourgs situes entre elles et l’Aude et vers la route de Narbonne.
Les ddfenseurs, apresavoir perdu les faubourgs et manquant d’eau, furent
obliges de capituler. Le si^ge entrepris par l’armee des croises n’ayant
dure que quinze jours, du i er au 1 5 aout, jour de la reddition de la place,
on ne peut admettre que,pendant ce court espace de temps, les assi^geants
aient pu executer les travaux de mine qui ruinerent une partie des mu-
railles et tours des Visigoths. D’ailleurs, il existe des reprises faites pen
dant le xn e siede pour consolider les tours visigothes qui avaient etd endom-
magdes par la sape et la mine. II faut donc admettre que les enormes
travaux de siege dontonretrouve les traces, surtout du cote du nord, aieut
etd faits parlesMaures d’Espagne, lorsqu’ils conquirent ce dernier boule-
vard des rois visigoths. Bernard Aton ne peut Ätre non plus l’auteur de
ces gigantesques travaux de mine, car le traile qui lui rendit la cit<5 n’in-
dique pas que les defenseurs fussent reduits aux dernieres extrdmitds.
Le vicomte Raymond Roger, au rnepris de la capilulation qui rendait
Carcassonne aux croises, etait mort en prison dans une des tours de la
eite, en novembre 1209. Depuis lors, Raymond Trincavel, son fds, avait
ete depouille, en 1226, par Louis VIII, de tous ses biens qu’il avait repris
sur les croises; Carcassonne dependait du domaine royal, et un senecbal