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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
y commandait pour le roi de France. En 12/10, Trincavel, qui s’etait
röfugie dans les Etats du roi d’Aragon, reparut dans la vicomte de Car-
cassonne a la lete des seigneurs, ses anciens vassaux, et de quelques re-
fugiös comme lui accuses d’höresie. II mit le pays ä.feu et a sang, et se
presenta bientöt devant les faubourgs de la citö. Toute Ja noblesse du
pays restee fidele au roi de France, l’archeveque de Narbonne et l’eveque
de Toulouse s’etaient retires dans la place, bien munie et röparee parles
soins du senechal Guillaume des Ormes. II existe deux recils du siege de
Carcassonne de 12ko, faits par des temoins oculaires : celui de Guillaume
de Puy-Laurens, inquisiteur pour la foi dans le pays de Toulouse, et cclui
du senöchal Guillaume lui-meme; ce dernier est un rapport, sous forme
de journal, adresse a la reine Blanche, mere de Louis IX. Cette piece im
portante merite que nous nous y arretions, car eile servira a expliquer les
travaux entrepris par saint Louis et ses successeurs pour faire de la eite
de ( iarcassonne une place de premier ordre.
L’armee de Trincavel investit la place le 17 septembre 12/10, et s’em-
pare du faubourg de Graveillant, qui est aussitot repris par les assieges.
Ge faubourg, dit le rapport, est ante portam Tholose; or la porte de Tou
louse n’est autre que la porte dite de TAude aujourd’hui, qui est une
construction romane percöe dans un mur visigoth, et le faubourg de Gra
veillant ne peut etre, par consequent, que le faubourg de la Barbacane.
Les assiegeants venaient de Limoux, c’est-a-dire du Midi; ils n’avaient
pas besoin de passer l’Aude devant Carcassonne pour investir la place. Un
pont existait alors sur l’Aude; Trincavel, n’ignorant pas que les assieges
attendaient des secours qui ne pouvaient arriver dans la eite qu’en traver-
sant l’Aude, devait naturellement s’emparer de ce pont et attaquer des
faubourgs qui ötaient eux-memes d’un grand secours pour les assieges.
Aussi, ne pouvanttout d’abord se maintenir dans le faubourg de Graveil
lant, il s’empare d’un moulin fortifie sur la riviere, ce qui indique assez
qu’il veut garder les rives du fleuve, et il dispose son attaque de la ma-
niere suivante : Une partie des assaillants, commandee par Olivier de
Thermes, Bernard-Hugon de Serre-Longue et Giraud d’Aniort, sc löge
entre le saillant (sud-ouest) de la ville et de la riviere, creuse des fossös
de contrevallation et se palissade. L’autre partie, commandee par Pierre
de Fenouillet, Renaud du Puy et Guillaume Fort, se löge entre le pont
et la barbacane, c’est-a-dire au nord, devant Tancien front visigolh exis-
tant encore du chateau a la porte Narbonnaise.
Les assiegeants avaient poste, dans leurs deux lignes d’attaque, un si
grand nombre d’arbaletriers, que personne ne pouvait sortir de la ville sans
etre blesse. Ensuite ils dresserent (les assaillants) un mangonneau devant