MONUMENTS HISTORIQUES. 423
la barbacane du chateau; et nous, dit le s^nechal, nous avons etabli une
tres-bonne pierriere turque dans la barbacane qui battait le mangonneau,
si bien que, quand les ennemis voulaient nous envoyer des projectiles et
qu’ils voyaient la perche de notre pierriere se mouvoir, ils se sauvaient.
Lä, ajoute Guillaume, ils creuserent des foss^s et planterent des palissades,
ce qui empechait les assieges de faire des sorties.
Les assiegeants commencerent, des lors, a miner vers la barbacane de la
porte Narbonnaise, mais la garnison contre-mina et bätit en pierres seches
un grand et fort mur retrancbant cette barbacane vers la moitie de sa sur-
face. Toutefois les mineurs parviennent a faire tomber un grand pan de
mur de la barbacane. Les assaillants pcrcent une galerie de mine sous
les tournelles des lices 1 et en font tomber une partie, ce qui oblige les
assieges ä se retrancher avec des palissades en arriere du debouche de la
galerie de mine.
Du cot^ sud-oucst, les ennemis commencent egalement une mine vers
la pointe de la ville, et arrivent jusqu’au mur sarrasinois 2 ; ils font tomber
dk brasses de courtines; les assidges se retranchent en arriere et sur
les cotes avec des palissades et une breteche percee d’archieres. Une qua-
trieme galerie de mine est poussee vers la barbacane de la porte de Rhodez 3 .
«Encore, dit Guillaume des Ormes, sachez, Madame, que depuis le
commencemont du sidge les ennemis ne cesserent de tenter des attaques
contre nos murs. Mais nous avions de si bonnes arbaletes et des gens animds
d’une si bonne envie de se ddfendre, qu’ils perdirent beaucoup de monde. »
Cependant, le treizieme jour du siege, les assaillants rassemblent tous leurs
arbaldlriers et autres soldats, et tentent un assaut contre la barbacane du
chateau; mais les defenseurs descendent dans cette barbacane et repous-
sent l’attaque. Le dimanche suivant, c’est-ä-dire le vingtieme jour du sidge,
un assaut general est de nouveau ordonne sans plus de sucees.
1 Les lices etaient et sont encore t’espace
laisse autour des remparts entre la premiäre
et la seconde enceinte. Mais, sur ce point, la
premiäre enceinte n’elait qu’une palissade ou
un mur peu defendu, car les assiegeants arri-
verent promptement avec leur mine ä faire
tomber l’espace de deux creneaux de ces murs
des lices.
2 « Sarracenum.Ti II ne peut 4tre ici question
que du mur Visigoth que Guillaume, suivant
les idees de ce temps, suppose avoir ete
construit par les Maures.
3 Cette porte existe encore, mais ne donne
aujourd’hui que dans les lices. Elle est de
construction romane, et a ete reslauree au
xin e siede. C’est cette porte que Besse nomme
la porte des Amandiers ou Ameliez, a cause
d'un petit bois d’amandiers qui se trouvait dans
son voisinage. II dit ttqu’elle est a l’oppo-
site (c’est-ä-dire en face) de l’eglise Notre-
Damen; or l’eglise Notre-Dame, plus tard des
Capucins, existe encore, et eile se trouve si-
tuee, en effet, vers le point indique. Besse
ajoute que «cette porte servoit pour la descente
au grand bourg, qui estoit en cet endroit lä (le
bourg de la Trivale aujourd’hui, autrefois le
bourg de Carcassonne ou de Notre-Dame),
et pour aller meme ä la paroisse de Saint-
Vincent, qu’on trouvoit ä main gauche en
descendant.r