MONUMENTS HISTORIQUES. 425
qui dirigea des lors de ce faubourg son attaque de gauche. Saint Louis,
sitot apres le sidge leve, n’eut pas a ddtruire le bourg qui avait ete bruld
par l’armee de Trincavel; mais voulant, d’une part, punir les habitants
de leur manque de foi, et, de l’autre, ne plus avoir ä redouter un voisinage
aussi dangereux pour la eite, il defendit aux gens du bourg de Carcassonne
de rebatir leurs maisons; ces malheureux durent chercher un refuge
ailleurs. Le saint roi commensa immediatement de grands ouvrages de
defense autour de la citd; il fit raser les restes des murailles du bourg,
debarrassa le terrain entre Ia eite et le pont, et fit faire l’enceinte extd-
rieure que nous voyons aujourd’bui, afin de se couvrir de tous cotes et de
pouvoir prendre le temps d’ameliorer les defenses interieures. Toutefois,
reconnaissant quo les deux cotes attaques dtaient faibles, il ^tendit l’enceinte
extdrieure vers la corne sud-ouest, a 100 metres environ en avant des
ancicns murs, jusque sur le plateau qui domine, de ce cöte, un ravin
aboutissant a l’Aude, et, vers la porte Narbonnaise, a 3o metres environ
en dehors, enclavant ainsi dans les nouvelles murailles les deux poinls
principaux de l’attaque de Trincavel. Rdsolu a faire de la eite de Carcas
sonne le boulevard du domaine royal contre l’Aragon et les entreprises
des seigneurs hdretiques des provinces meridionales, saint Louis ne voulul
jamais permettre aux habitants de Tancien bourg de rebatir leurs habi-
tations dans le voisinage de la eite. Sur les instances de l’dveque Radulphe,
apres sept anndes d’exil, il consentit seulement a laisser ces malheureux
proscrits s’dtablir de l’autre cote de l’Aude. Voici les lettres patentes de
saint Louis expedides a ce sujet: «Louis, par la grace de Dieu, roy de
France, a notre amd et feal Jean de Cravis, seneschal de Carcassonne,
salut et dilection. Nous vous mandons que vous recevez en seurete les
hommes de Carcassonne qui s’en estoient fuys, ä cause qu’ils n’avoient
pay4 et satisfait ä nous les sommes qu’ils devoient, les terrnes des paye-
ments escheus. Pour les demeures et habitations qu’ils demandent, vous
en prendrez advis et conseil de nostre amd et fdal l’dvesque de Carcas
sonne, et de Raymond de Campendu, et autres bons hommes, pour leur
bailler place pour habiter, proveu qu’aucun domage n’en puisse avenir
ä nostre chasteau et ville de Carcassonne. Youlons que leur rendez les
biens et hdritages et possessions dont ils joüissoicnt avant la guerre,
et les laissez joüir de leurs uz et coustumes, afin que nous ou nos succes-
seurs les puissions changer. Entendons toutefois que lesdits hommes de
Carcassonne doivent refaire et bastir ä leurs despens les dglises de Nostre
Dame et des Frdres Mineurs, qu’ils avoient ddmolies : et au contraire
n’entendons que vous recevez en fafon quelconque aucun de ceux qui
introduirent le vicomte (Trincavel) au bourg de Carcassonne, estans