MONUMENTS HISTORIQUES. 431
neaux etaient garnis de volets a rouleaux, sortes de sabords manoeuvrant
sur un axe de bois pose sur deux crochets en fer, qui permettaient de voir
le pied des murailles sans se trop decouvrir, et qui garantissaient les
postes des ^tages superieurs contre levent et la pluie. Ces volets s’enle-
vaient facilement lorsqu’on etablissait les hourds, car alors les creneaux
servaient de communication entre ces liourds et les galeries interieures.
Les demi-lunes ou barbacanes elevfes en avant des portes etaient sur-
tout destinees ä proteger les sorties et 1c retour d’une troupe poursuivie
par l’assaillant. Dans ces grands espaces, un corps assez considerable de
soldats pouvait se r^unir pour sortir en masse. Ils permettaient egalement
de rentrer sans d^sordre et sans perdre de monde, si Tennemi vous pres-
sait de trop pres; les issues, percees toujours lat^ralement et masqu^es
par la saillie des barbacanes, etaienl tres-facilement defendues. II est
question, dans Thistoire du sire de Joinville, d’une barbacane dont l’u-
sage est clairement indiqu4 : c’est quand le roi saint Louis fait retraite
sur Damiette apres la bataille de Mansourah. «Et pour retraire ses gens
ais&nent, le roy fist faire une barbacanne devant le poncel... Elle estoit
faicte en maniere que on povoit assez entrer dedans par deux coustez tout
ä cheval. Quand icelle barbacanne fust faicte et apprestee, tous les gens
de l’ost se armerent; et la y eut ung grant assault des Turcs, qui virent
bien que nous en allions oultre en l’ost du duc de Bourgoigne, qui estoit
de l’autre part. Et comme on entroit en icelle barbacanne, les Turcs
frapperent sur la queue de notre ost: et tant firent qu’ils prindrent mes-
sire Errart de Yallery. Mais tantoust fust rescoux par messire Jehan son
frere. Toutes foiz le roy ne se meut, ne toute sa gent, jusques ä ce que
tout le harnois et armeures fussent portez oultre... »
Mais je reviens ä la porte Narbonnaise. Derriere le premier arc plein
cintre de l’entree, et entre celui-ci et le second, on a menag^ un mächi-
coulis par lequel on jetait les projectiles de droite et de gauche sur les as-
saillants qui tentaient de briser la premiere berse. Les r^duits dans les-
quels se tenaient alors les d&enseurs sont garantis par un large garde-fou
en pierre. Le mecanisme des herses est parfaitement visible aujourd’hui.
Dans la salle qui est au-dessus de Tentr^e, on aperpoit encore, dans les
deux pieds-droits de la coulisse de la premiere herse, les entailles incli-
ndes dans lesquelles s’engageaient les deux jambettes du treuil, les scel-
lements des brides en fer qui maintenaient le sommet de ces jambettes;
au niveau du sol, les deux trous destines ä rccevoir les cales sur les
quelles reposait la herse une fois levde; sous la voute, au sommet du tym-
pan, Tentaille profonde qui recevait le Systeme de poulies destinö au jeu
des contre-poids et de la cliaine s’enroulant sur le treuil