MONUMENTS HISTORIQUES. Ml
cation avec le chemin de ronde des courtines, dont eile n’est reellement
qu’un appendice saillant. Quant a la tour Saint-Nazaire, il etait difficile
a des assiegeants postes en deliors de l’enceinte exterieure de deviner
quelle fut une des entrees de la citd La porte percd dans cette tour et
donnant sur les lices est ouverte de cote, masquee par la saillie du
contre-fort d’angle, et le seuil de cette porte est a plus de 2 metres
au-dessus du sol extdieur : il fallait donc poser des echelles pour entrer
ou sortir. Aux precautions sans nombre que Ton prenait alors pour de-
fendre les portes, il est naturel de supposer que les assaillants les consi-
deraient toujours comme des points faibles. L’artillerie a modifi^ cette
opinion, cn cbangeant les moyens d’attaque; mais alors, qucls que fussent
les obstacles accumuld autour d’une entree, l’assiegeant preferait encore
tcnter de les vaincre, plutöt que de venir se loger au pied d’une tour epaisse
pour la saper ä main d’homme ou au moyen d’engins tres-imparfaits.
Aussi, pendant les xm c et xiv° siecles, quand on voulait donner une haute
idee de la force d’une place, on disait quelle n’avait qu’une ou deux poi'tes.
Mais pour le Service des assieges, surtout lorsqu’ils devaient garder une
double enceinte, il fallait cependant rendre les Communications assez fa-
ciles entre ces deux enceintes, pour pouvoir porter rapidement des secours
sur un point altaque. C’est ce qui fait que nous voyons, en parcourant
l’enceinte interieure de Carcassonne, un grand nombre de poternes plus
ou moins bien dissimulds, et qui devaient permettre a la garnison de se
repandre dans les lices, sur beaucoup de points a la fois, a un moment
donne, ou de rentrer rapidement dans le cas oü la premiere enceinte eüt
ete forcee. Ne fut-ce que pour les rondes ordinaires, ces poternes eussent
etd indispensables, car on ne pouvait, pour laisser passer une ronde, ou-
vrir les grandes portes et faire mouvoir toutes cesclotures, telles que herses,
vantaux, barrieres et cbaines. C’^tait bien assez de manoeuvrer cet attirail
deux fois par jour, le matin et 1c soir. A cette tipoque, ä la fm du xm c siede,
les ponls-levis etaient a peine en usage. Ce moyen si simple d’intercepter
loute communication ne fut guere employe que vers le commencement du
xiv e siede. Ceux qui ont de disposes aux portes Narbonnaise et du Cha
teau (cötede la ville) daient posld'ieurs aux constructions donl nous nous
occupons. Ils etaient isoles et ne faisaient pas partie de la defense teile
qu elle fut compldee a la fin du xm' siede. Independamment des poternes
dont nous venons de parier, et qui s’ouvrent au ras du sol, ou a peu pr&s, il
existe encore d’autres poterncs au-dessus du sol exterieur; on en voit une
fort devds encore a gauche de la tour dite de Cahuzac, donnant dans les
terrains dependant de l’deche. Cette poterne, qui n’a guere que 2 metres de
hauteur sur 90 centimetres de largeur, est percee dans la courtine a 1 2 me-