MONUMENTS HISTORIQUES. 485
parties ou l’enduit est tombe, la trace de la composition dessinee ala san-
guine. Les dessins qui les reproduisent sont au cinquierne de la grandeur
naturelle.
Pendant son sdjour ä Avignon, Simon Martini se lia ^troitement avec
Petrarque; il fit pour lui le portrait de la belle Laure, qu’il reproduisit,
dit-on, dans une peinture qui existait sur le mur de droite du narthex de
la cathedrale et dont il ne reste plus qu’une trace informe.
Cette peinture representait saint Georges terrassant le dragon, et une
jeune femme vetue de vert agenouillee a cöte de lui; cette figure etait,
dit-on, celle de Laure. On attribue ä Petrarque les vers suivants, qui se
trouvaient au-dessous; c’est ce qui a donne lieu ä cette conjecture :
Miles in arma ferox hello captare triumphum
Et solitus justas pilo transfigere fauces,
Serpentis tetrum spirantis pectore fumum
Occullas extingue faces in bella Georgi.
(Crowe and Calvatcaselle, A new history of painting in Italy, t. II.)
Paris; le 16 fevrier 1873.
Pendant le sejour que je viens de faire a Avignon pour acbever de re-
lever les peintures du palais des Papes, j’ai ete frappe de letat de dete-
rioration dans lequel elles se trouvent, et je viens le signaler ä votre
attention. Le mal est grand, et bientot il sera irreparable, si on n’y remedie
paspromptement. Ces peintures, atlribuees a Giotto et a Simone Memmi,
sont le seul specimen de l’art Italien du xiv e siede que nous possedions
en France; dies sont d un tr&s-beau style et du plus baut interet.
J’ai le regret de dire qu’elles sont dans un etat complet d’abandon, per
sonne n’etant cbarge de veiller ä leur Conservation.
11 y a bien au palais un concierge, gardien des clefs, qui accompagne
le visiteur et pergoit rdgulierement les gratifications qu’ils veulent bien
lui donner; il tient les portes closes, rnais il ne s’inquiete nullement des
deteriorations qui se produisent journellement.
Ces dderiorations proviennent surtout du manque de vitres aux fe-
ndres; il en rösulte que le vent, la buee et la poussiere s engouffrent dans
ces chapelles, une sorte de crasse s’attache aux parois des murs et rend
certames parties des peintures presque mvisibles; dautres se detacbent
du mur, l’enduit sur lequel elles sont appliqu^es etant tres-mince et peu
adh^rent.
Il y a donc necessit^ absolue de parer immediatement a cet inconve-
nient, si l’on ne veutpas voir penr completement ces peintures. Pour cela,
il suffirait de remplacer les traverses en fer plat, qui sont disjointes, par