MONUMENTS H1STOR1QUES.
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tion des toits, quoique bien effacee, on y decouvre encore les quatre Cou
leurs des tuiles vernissGes qui la composaient, et, la disposition des baudes
lilas etant la meine que celle de l’hotel de Vogue, a Dijon, on a pu ega-
lement la tracer sans hesitation.
En somme, le palais Granvelle est curieux; il n’a Gte Fobjet d’aucune
Gtude, et cependant il possede des qualitGs qui ne justifient pas cette in-
difference : il a une tournure a lui, et eile ne manque pas d’expression.
Eleve dans un pays depuis longtemps sous la domination espagnole et avec
des materiaux sombres et resistants, il a empruntd ä ces deux causes un
aspect un peu triste et brutal, sans nGanmoins cesser d’appartenir ä Fart
frangais, qui est bien le caractere gGnGral de cette ceuvre, malgrG Fopinion
adinise. Quand on Fexamine de pres, on est force de reconnaitre l’habi-
let(5 de Farchitecte inconnu qui Fa creG. Le trace des profils est franc, ex
pert et revele une main fort exercee. La construction en est soignee jusque
dans les details et tres-consciencieuse.
A ces mGrites on peut ajouter ceux de ses Souvenirs historiques : il fut
suceessivement liabite par le Cardinal Granvelle; par Caroline d’Autriche,
fille reconnue et legitimee de Fempereur Rodolphc, qui vinty babiter avec
son mari le 20 juillet 1608; par un plenipotentiaire du roi d’Espagne,
qui y fit un sejour du 18 septembre au 9 octobre 166/1; quatre ans apres,
par le grand CondG, qui emportait la place de Besancon sans coup fGrir et
y passait lajournee du 8 fevrier 1668. A la suite de la seconde conquete
franfaise, il fut habitti par Louis XIV, qui y vint avec toute sa famille dans
la soiree du 1 6 juin 1 683, et ne le quitta que dans la matinee du 19 : le
roi accepta du comte Saint-Amour, alors propriGtaire du palais, les torses
de Jupiter et de Junon qui ornaient les jardins. La premiere de cesceuvres,
surmontant primitivement une colonne au centre de la cour, fut jugGe digne
d’embellir le parc de Versailles, ou eile resta jusqu’u la RGvolution; actuel-
lement ce Jupiter est au Louvre.
Ce n’est, du reste, pas la seule oeuvre qui nous provienne du palais
Granvelle : le fameux portrait de Leonard de Vinci, un portrail de Raphael
et de Perdonone, connu longtemps sous le titre de Raphael et son maitre
d’armes, et enfin une VGnus dormante avec un Cupido et un Satvre du
CorrGge, onl probablement la mGme origine. Ces ceuvres sont mentionnGes
dans un inventaire des richesses renfermGes dans le palais au commence -
ment du xvii 0 siede, et la description en est identique a celle qu’un ancien
inventaire du Louvre fait de ces memes oeuvres. Quelques doutes se sont
GlevGs a ce sujet, et cependant quoi d’etonnant a cela? Le fondateur du
palais, que les besoins de la politique avaient fait sGjourncr en maike en
Italic, en Allemagne, dans les Flandres, avait, a cause des bautes dignitGs