MONUMENTS HISTOIUQIJES.
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les couleurs sont allernees et forment un ruban qui se deroule comme
pour faire au sujet un cadre plus brillant.
Les rosaces et surtout les rinceaux n’ont plus la symetrie romaine, l’in-
lluence bysantine y est parfaitement evidente : le style, le dessin, les
arrangements des couleurs, rompent compl^tement avec la tradition an-
tique.
L’ex^cution olfre clle-meme des caracteres particuliers : dans les mo-
saiques romanes, selon les conditions, les formes, les dimensions, ils s’a-
daptent ä l’importance des motifs, ä l’objet qu’ils doivent representer :
ainsi, la defense du sanglier de la chasse de Lescars est d’un seid mor-
ceau; les ongles et les griffes des animaux sont taill^s en triangles allon-
ges. A Lescars, des pierres formant le motif milieu de petites rosaces sont
taillees en trefles, cceurs, etc., suivant l’exigence du dessin. On ne retrouve
plus dans ces mosalques les teintes fondues que Ton remarque dans les
milieux des losanges et dans les poissons de Pondoly, dont le ventre etait
fait de marbre blanc poli, qui, sous l’eau, devait rendre l’eclat etincelant
de la nature 1 .
Si le caractere et l’originalite sont plus accentues dans les mosaiques
romanes, les moyens d’execution sont plus simples et procedent de teintes
plates, de meine que les peintures de la meme epoque.
Ce rapide exarnen nous a paru utile pour demontrer que Part mosaiste
du xii° siede, s’ecartant de la tradition romaine, prit un style et un carac
tere propres. Les beaux fragments qui nous en restent doivent nous faire
rcgretter plus vivement encore que les guerres de religion aient fait dis—
paraitre cet art.
Elles ruinerent le pays, firent reculer le civiiisation si poetique et si
avancee du pays de la langue d’oc, et ce n’est qu’ä la renaissance que le
Bearn retrouva son ancienne splendeur. Mais entre ces deux dpoques l’art
mosaiste se perdit; et, si les pavages en cailloux de couleur que Ton voit
dans les cours des babitations rappellent la tradition, la pauvrete des ma-
teriaux, le peu de variete des dessins ne perniettent pas de comparaison
avec les beaux pavages des mosalques du moyenäge, qui semblent des
tapis d’Orient.
On trouvera dans la notice historique et descriptive fort rapide qui suit
cette introduction une indication plus detaillee des caracteres qui distin—
guent ces mosalques, caracteres qu’il n’est pas sans interetde faire ressortir.
1 Voir egalement (ci-aprfe, page 5s5) te par l’emploi des couleurs les plus vives et les
l'iiban de la mosaiquc doTaron, rulian leinle plus brillantes, et qui rappelle les ornements
et rebausse de reflcls blancs, qui se distingue des mosniques de Poinpei.