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MONUMENTS HISTORIQUES. — ANNEXES.
Celle partie de notre territoire est ä coup sur la plus anciennement francaise.
C’est dans les plaines de Cambrai queles Francs commencerent leur conquete;
c’est aux portes de Soissons que les Romains livrereut leur deruier combat. Ce
coin de terre fut la demeure de plusieurs rois de la premiere race; il servit de
refuge aux derniers rois de la seconde. C’est la que s’est assise pour la premiere
(bis la nation franque; c’est la que s’est forme, plus tard, le noyau dela nation
francaise.
Or je m’etais propose de chercher particulierement si, sur ce terrain tout
merovingien, pour ainsi dire, il subsistait encore quelques constructions con-
temporaines des premiers siecles de la conqubte, ou tout au moins ante'rieures
ä l’an looo. Je n’en ai point trouve.
Et cependant une epoque encore plus eloigne'e, celle de la domination ro-
maine, a iaissb dans ces contre'es d’assez nombreux vestiges. Sans parier d’un
arc de triomphe qu’on voit ä Reims, enclave dans le rempart pres de la porte
Mars, monument mutile', mais remarquable encore par les debris de son an-
cienne richesse et par des fragments de sculptures assez bien couserves 1 , sans
parier, dis-je, de cet arc des triomphe, on trouve, dans le de'partement voisin,
a Vermand, pres de Saint-Quentin, et a Saint-Thomas, pres de Laon, des
camps romains encore tres-apparents 2 ; on en compte au moins quatre dansle
departement de la Somme 3 . A Soissons, en creusant les nouveaux fossbs qui
entourent la ville, on rencontre ä chaque pas des constructions romaines 1 ; a
Famars, il a sulfi de remuer un peu la terre pour decouvrir des sculptures
et meine des peinlures fort interessantes; on en trouverait egalement a Bavay,
1 Voyez, dans ie grand ouvrage de M. le
comte de Lahorde sur les rnonuments de la
France, plusieurs dessins de cel. arc de triom
phe, en n’oubliant pasloutefois que la gravure
le rajeunif, un peu trop. Quoique la pierre ait
encore une feinte tres-blonde, on sent sa ve-
tuste par je ne sais quoi d’inegal et de raboteux
äl’ceil. Neanmoins, les deux rnorceaux desculp-
ture les plus remarqnables sont d’une belle
Conservation : ce sont deux bas-reliefs encadres
dans d’elegants Caissons et places en voussoirs
sous les deux petites arcades laterales : Tun
represente Leda et Jupiter, 1’anlre Romulus
et Remus.
2 Voyez, sur ces deux camps romains, les
dissertalions de M. de Vismes et l’extrait d’une
notice sur les rnonuments du departement de
I Aisne, inseredans l’Annuaire du departement,
annee 182 a. Cette notice contient en oulredes
donne'es interessantes sur les motl.es ou tom-
belles, sur los voies el chaussees, et enfin sur
les monnaies et mddailles antiqucs qui se trou-
vent en abondance dans le departement.
3 Ces camps sont places dans la vallee de la
Somme, ä Liercourt, a Letoile, a Tiranconrt
et ä Roye. Voyez la dissertation de M. le comte
d’Allouville, sur les camps romains de la Som
me, in-4°, 1828.
4 Depuis mon passage a Soissons, on a de-
couvert, en creusant les fosses, un groupe en
marbre blanc, compose de deux figures plus
grandes que nature. «Le personnage principal
est couvert d’une lunique ä manches longues,
arrAtde par une ceinture ou cordon trbs-sim-
ple, et d’un manteau qui est relenu sur l’e-
paule droite par une agrafe; les jambes sont
nues, les pieds chausses d’un brodequin ou
bottine lerminee par une Sorte de relroussis et
fendue sur le coude-pied. La t£te etle brasgan-
rhe manquent; il ne parait pas qu’ils fissent
pari e de la masse comme le resle du groupe;
ils etaieut fixes par des goujons en ler. Le se-
cond personnage est un enfant de douze ä treize
ans, couvert d’un manteau agrafe sur l’epaule
droite; les bras, les jambes etle turse sont nus,
les pieds chausses de sandales : la töte et le bras
droit manquent.v
M. Gencourt, architecte de la ville de Sois
sons, qui me transmet ces details, ajoute que
ce groupe porte des traces de coloralion. Une
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