MONUMENTS HISTORIQUES. — ANNEXES. 549
Louis d’Outre-mer, c’est-a-direde Tan g.36 environ. Compldtement ddcouronnee
et privee de tout accessoire de sculpture, il est fort difficile de deviner son
age : quoi qu’il en soil, eile produit un effet tres-pittoresque dans la vilie, et
il est ä regretter que le conseil municipal medite sa demolition, comme je ie
dirai lout a Theure.
Quant au Souterrain de Saint-Medard, la tradition veut non-seulement qu’il
ait appartenu a Te'glise qui fut temoin de la caplivite de Louis le Debonnaire,
mais que Chilperic et, a ce que je crois, son bis Clothaire y aient eie en-
terres.
On vous montre deux niches sous lesquelles reposaient les deux rois avant
la Revolution. Or ces deux niches ont e'te' sculptees bien certainement au plus
tot vers le xii° siede. Mais, une fois mise de cöte la fable du tombeau de Chil-
peric, faut-il en condure que le reste de la cryple ne soit pas ante'rieur au
xii° siede? C’est ce dont il est permis de douter. Cegrand caveau est si simple,
si regulier, ses mui’s sont tellement a angle droit, sans un filet, saus une mou-
lure, qu’on y trouve beaucoup d’analogie, sinon avec les constructious des Ro
mains, du moins avec celles qu’on peut supposer avoir ete en usage dans les
premiers siecles de la conquete. D’un aulre cöte, pourtant, cette crypte se ter-
mine par cinq absides et communique a Teglise superieure par deux escaliers
qui n’existent plus, mais dont on voit la place, et qui correspondaient aux
collateraux de Teglise. Cette disposition n’est pas tres-primitive et pourrait
meine faire penser que la crypte, quoique fort ancienne, est posterieure ä
Tan looo. Au reste, les meines incertitudes ne sauraient s’elever a Te'gard d’un
autre Souterrain qu’on vous montre a Saint-Medard et qu’on pretend avoir servi
de cachot ä Louis le Debonnaire : on va meme jusqu’a vous faire lire sur la
muraille des vers ecrits de la main du prisonnier. Par malheur, les voutes du
cachol sont ä ogive, et les vers en langue d’oil. A moins d’avoir vecu deux a trois
cenls ans apres sa mort, le pauvre Louis le Debonnaire n’a certes pas plus
habile le cachot qu’il n’a ecrit les vers.
Ainsi, en re'sume, cette parlie du sol de la vieille France conserve bien en-
core quelques fragments de Tepoque romaine; mais les monuments des deux
premieres races en ont completement disparu, soit que les constructions de
cette dpoque, en gbne'ral mal congues, peu solides, et assez souvent en bois,
n’aient pu resister aux attaques du temps et des hommes, soit qu’elles aient eie'
trop peu multipliees, surtout vers la fin du ix° et durantlex 8 siede, pour qu’il
en soit parvenu quelque chose jusqu’a nous.
Ce qui m’etonne, c’est de n’avoir pas trouve a me dedommager sur le siede
suivant. Je ne vois guere (|ue Saint-Remi de Reims et quelques eglises de vil-
lages qui m’aient offerl des fragments de constructions du xi e siede; et pour-
tant, a partir de Tan 1000, la manie de bätir se repandit dans la chretiente
comme une maladie; il fallut tout reconstruire, tout remettre a neuf. D’un
autre cöte, grace aux legons de TOrient, les constructions commencerent a de-
venir moins informes et plus durables. Le pays dont nous parlons echappa-t-il
donc a la passion commune, ou bien des causes accidenlelles ont-elles fait