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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
Chateau l , et enlin plusieurs e'glises de village aux alentours de Soissons 2 , et vous
aurez a peu pres tout ce qui reste, dans ce pays, du commencement et du mi-
lieu du xn° siede. Sa derniere moitie et les premieres annees du xiii 0 siede out
laissd des traces bien plus nombreuses, et c’est meme en monuments de cette
periode, epoquede la Iransition du plein cintre a l’ogive, que consiste presque
loute la ridiesse ardiitecturale du pays. Je ne parle ici que du departementde
TAisneet de la partie de ceux de I’Oise et dela Marne quej’ai visitee; car, quant
au Pas-de-Caiais et au Nord, non-seulement il n’y esl pas question de monu
ments de transition, mais ceux du xnC siede y sont tout a fait inconnus 3 : a
peine, 5a et la, quelques ruines du xiv c , et pas un seid e'difice entier dont la
construction remonte au dela de i5oo ou tout au plus de iA5o. Generale-
ment parlant, un e'difice de cent cinquante ans est, dans ce pays, uue Sorte
de rarete. Les hommes y sont trop nombreux, trop ricbes, trop industrieux,
pour que le sol ne change pas de face sous leurs mains toutes les deux ou trois
ge'ndrations : la fievre de reconstruire regne la en permanence.
Mais, pour en revenir aux departements de l’Aisne, de I’Oise et de la Marne,
onytrouve, comme je viens de le dire, un assez grand nombre de monuments
de transition. Les uns appartiennent ä la fin du xii° siede et 0(Trent un melange
interessant de pleins cintres et d’ogives; les autres, construits dans les pre
mieres annees du xnf, sont lotalement a ogive, mais doivent encore etre rangds
parmi les monuments de transition, soit parce que les ogives conservent, dans
leurs proportions et dans leurs moulures, un certain sentiment robuste et
massif, soit parce qu’il regne encore, dans tous les accessoires sculples, je ne
sais quel reflet de l’Orient. Au nombre des derniers, j’ai surtout remarque la
partie inferieure de Saint-Jean-des-Vignes ä Soissons 4 , la cathedrale deSenlis,
que dans le reste de l’eglise. Quant au portail,
il est assez insignifianl et d’un travail fort ordi-
naire; peut-etre appartient-il plutot au xi* sie
de qu’au xiT.
1 Ce petit portail est autrement interessant
que celui de Saint-Maurice : il est ä coup sur
du xii* siede; ie caractere des colonnettes des
petites arcades, et d’autres details, en donnent
la preuve cerlaine. Le motif en est simple et
l’execution assez soignee. D’abord une large
porte appuyee sur des colonnes en relraile et
surmontee de deux larges tores, Tun sculpte,
l’aulre uni; au-dessus, une fenetre beaucoup
moins large et beaucoup plus baute que la porte;
le plein cintre repose sur deux longues colonnes
annelees; les chapiteaux et les lilets sont de
bon goüt. Au-dessus de cette grande fenetre,
une jolie petite galerie aveugle, composee de
colonnettes supportant six arcades en trefle de-
ployd; enfin, pour remplir le fronton aigu qui
s’elAve au-dessus de la petite galerie, une ro-
sace tres-simple, ouplulölun treüeatrois lobes,
encadre circulairement d’abord par un zigzag
normand, ensuite par un large tore revetu d’une
tresse ä jour.
2 Celles de Courcelles, de Vaux-Rezis, etc.
Dans cette derni&re, les chapiteaux qui sup-
porlentla retombee des voütes d’aretedu chceur
sont extremement remarquables; le dessin en
est ä la fois severe et capricieux. Il serait diöi-
cile d’assigner une dale exacte ä ces chapiteaux,
mais ils peuvent etre anterieurs au xii" sifecle.
3 II existe cependant ä Saint-Venant, pr&s
d’Hazebrouck et de Bethnne, une eglise qui
est, dit-on, fort ancienne. On y voit un bap-
tistAre sur lequel est sculptee, de la mani^re
la plus barbare, une hisloire complete de la
Passion. Ce monument, que je n’ai pu voir et
dont je ne jnge que d’aprte un dessin qu’on
m’a montre ä Douai, est tres-probablement du
x' ou du ix" siede; il est d’un type trop gras
sier pour appartenir soit au xi' siede, soit a
l’epoque de Charlemagne.
4 A parlir de la plate-forme qui les separe,