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MONUMENTS HISTORIQUES. — ANNEXES. 
]e chceur de Saint-Jacques a Compiegne, et Teglise Saint-Ived a Braisne; 
parmi ies autres, il faut placer Saint-Remi de Reims, la cathedrale de Noyon, 
Saint-Martin de Laon, et une charmante egiise de viilage a Tracy, pres de 
Noyon. 
Ce petit monument merite une attention toute particuliere. II est a peu pres 
inconnu, et c’est presque a titre de decouverte que j’en parle. On ne peut 
s’imaginerun travail plus suave et plus hardi, des proportions plus ravissantes. 
L’ogive s’y montre, mais a peine sensible et eniouree de ce cortege d’orne- 
ments et de zigzags qui n’accompagnent d’ordinaire que le plein cintre fleuri. 
II y a, d’ailleurs, dans Teglise, des parties purement a plein cintre. 
Ces parties sont Tabside, le portail et la muraille qui soutient le comble de 
la nefdu cote du nord. C’est la ce qu’il a de plus ancien dans Teglise. On doit 
en faire remonter la construction au xi c siede ou aux premiers temps du xn e . 
La tour qui llanque Tabside au nord, et qui probablement avait jadis son pen- 
dant au midi, aura ete batie plus tard, vers la derniere moitie du xn e siede. 
Quant a tout lereste de Teglise, c’est au moins deux cent cinquante ans apres 
la tour (de 1A00 a i5oo) que la construction en a ete faite 1 . 
ies deux clochers onl ete construits au xv° sie 
de. L’oeüle moins exerce reconnait ladifference 
des deux styles. Rien de si lourd, de si plat 
que la sommite de ces dochers; on n’a pas 
meine eu l’intention de ies faire semblables; 
vous diriez des visages et des bustes presque 
diflbrmes entes sur deux corps eiegants, gra- 
cieux et admirablement proportionnes. En efl'et, 
jusqu’ä celte piate-forme, la disposition, le 
dessin et les ornements de cette fajade sont du 
goiit le plus parfait, de l’execution la plus de- 
licate. 
1 A l’interieur, il ne subsiste de la primi 
tive egiise que trois piliers carres, surmontes 
de petites corniches protilees en equerre et or- 
ndes de larges tetes de clous evidees. Ces pi 
liers donnent naissance ä trois arcs plein cintre 
d’un molif tres-pur, qui souliennent la mu 
raille sur laquelle repose, du cöte du nord, le 
toit principal de la nef. Quant au collateral, 
qui cache en partie cette muraille, il est du 
xv e siede. 
Au-dessous de ce toit regne une corniche 
composee de modillons tres-bien sculptes, re- 
presenlant des tdtes d’bommes et d’animaux, 
lies les uns aux autres par de gros boudins bri— 
ses ä angle droit et formant cet ornement 
connu sous le nom de grecque. Ce meine bou- 
din grec et ces memes modillons sculptes re- 
gnent egalement sous le toit de i’abside, moins 
eleve de plusieurs pieds que celui de la nef. 
L’abside est eclairee par trois fenetres plein 
cintre, liees eutre elles par un ruban de tetes 
de clou. Ce cordon file a mi-hauteur de cbaque 
fenetre et va rejoindre en ligne droite la fe- 
ndlre suivante, qu’il enveloppe aussi jusqu’ä 
sa mi-hauteur, et ainsi de suite. 
Quant ä la tour, qui est la perle de l’eglise, 
il est impossible de la de'crire; il faut la voir 
pour en sentir lecharme etl’exträme elegance. 
C’est une justesse de proportion et de Senti 
ment qui enchante, un vrai bijou danslegenre 
oriental fleuri. La disposition en est des plus 
heureuses : 1° un soubassement tout uni, 
carre et plus eleve que l’abside qui lui est con- 
tigue; 2° un rang de modillons sculptes et lies, 
comme ceux de la nef et de l’abside, par un 
boudin, mais demi-circulaire et non plus ä 
angle droit; 3° au-dessus de la rangee de mo 
dillons, deux grandes fenetres accouplees sur 
chaque face; i’ogive ä peine sentie, mais l’ar- 
cade etroile, le tore robuste et pourtant leger, 
les colonnettes d’une heureuse proportion, et 
terminees par des fignres de monstres et de 
chimeres en guise de chapiteaux. Dans l’en- 
foncement des arcades, un gros boudin en 
zigzag termine par un chapiteau. Cette espece 
de colonnes ä bätons rompus, lerminant la 
Serie des profils dont se compose chaque ar- 
cade, est de Teffet le plus piquant. Mais ce 
n’est pas tout: la tour, jusque-lä carree, de- 
vient tout ä coup octogone; aux quatre grandes 
doubles arcades en succedent huit moins 
liautes, mais plus legeres, plus ornecs et plus