MONUMENTS H1STORIQUES. — ANNEXES. 555
egalement en ruine, et, comme je le dirai tout a l’heure, meuace d’une de-
moiition prochaine.
Le xv e siecie, au contraire, se montre pour ainsi dire ä chaque pas. Ce ne
sont point, en general, des monuments entiers, mais des fragments de mo-
numents, des restaurations, des raccommodages. Surcetheätre de noslongues
guerres avec les Anglais, ies edifices publics durent, pendant pres d’un siecie,
cruellement souffrir; aussi, des que le pays fut libre, se mit-on de toute part
ä les reparer; de la ces reprises du xv e siecie que j’ai reneontrees danspresque
toutes les eglises.
Le pelit nombre d’anciens hotels de ville qui subsistent encore dans ces di
vers departements sont aussi tous de cette epoque. Jen ai compte six, savoir:
ceux de Compiegne, de Noyon, de Saint-Quentin, de Douai, d’Arras et de
Saint-Omer. Ce dernier doit etre en grande partie du xrv° siecie; mais tous les
autres appartiennent au xv e ou aux premieres annees du xvi 6 siecie. Daus cette
portion de la France, comme dans tout le reste de l’Europe septentrionale, le
caractere de cette architecture du xv° siecie est une profusion pi’esque folle de
festons et de decoupures, profusion de de'tails d’oü resulte la lourdeurde Ten-
semble. En somme, de brillantes qualites, mais plus de ddfauts que de qualites.
Je dois pourlant signaler quelques echantillons de ce style qui m’ont paru
d’une rare dleganoe et d’une execution e'blouissanle, enlre autres le porlail
lateral (sud) de Saint-Remi, construit par Charles VIII, et uue partie inte-
rieure d’un des transepts (sud) de la calbedrale de Saint-Quentin , exe'cute
par ordre de Louis XI.
Quant au xvi e siecie proprement dit, je Tai cherche vainement. II y a pour-
tant, a ce que je crois, dans le departement de l’Aisne, plusieurs cbäteaux de
cette epoque, tels que Coeuvres et quelques aulres, que la mauvaise saison ne
m’a pas permis de voir. Les seuls fragments du style de la renaissance que
j’aie trouves sur mon passage sont quelques decorations de chapelles, quelques
balustrades ou jubes d’eglises; je dois noter aussi le petit portail assez gra-
cieux de Saint-Remi a Laon, et une charmante petite galerie en ruine atte-
nante a ce cloitre de Saint-Jean-des-Vignes, de Soissons, dont je parlais tout
a Theure.
Teiles sont, Monsieur le Ministre, les observations generales que je voulais
vous soumettre sur le nombre et sur le caractere des monuments d’architec-
ture que j’ai visites.
La sculpture et la peinture meritent ä leur tour un examen particulier.
Je sais qu’aux yeux de bien des gens qui font autoritt), c’est un singulier
paradoxe que de parier serieusement de la sculpture du rnoyen age. A les en
croire, depuis los Antonius jusqu’a Francois I or , il n’a pas ete question de sculp-
tures en Europe, et les staluaires n’ont ete que des mafons incultes et gros-
siers. II suffit pourtant d’avoir des yeux et un peu de bonne foi pour faire
justice de ce prejuge, et pour reconnaitre qu’au sortir des siecles de purebar-
barie il s’est eTeve, dans le moyen age, une grande et belle ecole de sculpture
heritiere des procedes et meine du style de l’art antique, quoi(|ue toute mo-