rem snncti Audomari episcopi Villelmus Wcessel, ou bien ceile-ci: Ad honorem
sancti Audomari episcopi Nicolaus fdius Villelmi Wcessel, pour n’etre pas lenie' d’en
faire honneur au paganisme.
Ces sculptures ont tres-peu de saiilie, et les parties creuses portent de nom-
breuses traces d un coloriage ou enduit noirätre, ce qui fait ressortir vivement
les parties en relief. Les figures sont d’un dessin e'nergique, pures comme i’an-
tique et pieines de mouvement; les arabesques, d une variete et d une finesse
mervedleuses. Je ne sais quelle etait Ja destination de ces pierres : faisaient-
eUes partie du pave de J’eglise? etaient-elles incrustees dans Ja muraiUe? On
ne saurait decider.
M. WaJiez, professeur de dessin ä Douai, a copie avec exactitude tous ces
bas-reliefs et compte les publier. Mais Jes originaux se deteriorent chaquejour;
Je frottement des pieds finira par tout elfacer. Si J on ollrait aux membres de
la fabrique de faire reinplacer ces pierres, d’un si grand prix pour J’histoire
de l’art, par de simples paves, je pense qu’ils ne s’y opposeraient pas; on Jes
transporterait alors, soit a Ja bibliotheque, soit dans tout autre Jieu oü elles
trouveraient un abri eontre la degradation. Si vous m’y autorisez, Monsieur lc
Ministre, j’essayerai de mener ä bien cette petite negociation.
Comme modele de ce genre de sculpture franc et liardi, il faut citer encore
un debris du bas-relicf qui remplissait Je tympan a ogive de la porte du don-
jon de Coucy. Ce bas-relief representait Je trait heroique de la famiiJe des sei-
gncurs de Coucy, c’est-a-dire Enguerrand I er luttant eontre un lion lurieux, Ja
terreur de la eontre'e. II ya soixante ans, Jorsque Land fit son Voyage, ce bas-
reJief etait encore entier; il en a donne un dessin; mais, a en juger par ce
qui subsiste, ce dessin est d’une inexactitude deplorable. Il ne reste aujour-
d’hui qu’un des cötes de l’encadrement et une bonne partie du lion. Ce Jion,
deboutsur ses pattes de derriere, est jete avec une hardiesse et un bonlieur
incroyables. Il olfre, par la fierte de sa pose, une ressemblance vraiment sur-
prenante avec les deux lions qu’on voit en Grece sur une des anciennes portes
de Myeenes.
Derriere le grand triangle de pierre qui surmonte le portail principal de
Saint-Jean-des-Vignes, ä Soissons, j’ai trouve une suite de petites figures ser-
vanl de culs-de-lampe et sculptees avec une finesse et une grace delicieuses.
A Laon, dans une rue parallele ä la calhedrale, j’ai vu la plus jolie petite Sta
tue de vierge toute mutilee, et qu’on fait servir a accrocher le re'verbere : la
pose du corps et le jet des draperies sont du meilleur gout et indiquent le
commencement du xm e siede. J’ai encore remarque a Laon un mörceau de
sculpture interessant dans son genre : c’est un tombeau ä l’cntree de la nef de
l’eglise Saint-Martin, sur lequcl Enguerrand I fr est sculpte coucbe dans son
armure. Cette figure colossale a de la roideur et de la rudesse, mais je ne sais
quoi de grandiose et d’imposant. On dirait que ce Chevalier de pierre menace
encore ces moines de Saint-Martin qu’il traitait si duremeut pendant sa vie.
L’histoire de ce tombeau est des plus singulieres. Enguerrand, en mourant,
avait ordonne que son corps fut enterre dans feglisc de l’abbaye : les moines,