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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
de monuments nou moins uliles a consulter : ce sonl les empreintes de ca-
cliels et des sceaux suspendus aux chartes et aux diplömes. La vous trouvez
des temoignagnes authentiques de 1 eLat de lart aux differentes periodes. Les
sceaux sonl pour le rnoyen age ce quc les medailles et les pierres gravees sonl
pour I’antiquite', et ils ont de plus Tavantage de porter leur date. Or, en 6tu-
diant toute la Serie des sceaux des monarques et des seigneurs pendant le
moyen age, on reconnait, dans le plus ou moins de perfection de la ciselure,
dans le plus ou moins de beaute du dessin, les memes pliases, les meines re-
volutions que nous venons de signaler en passant pour la sculpture. La aussi
vous trouvez, au xn e siede comme dans les premiers temps de l’art grec, de la
roidcur, des draperies a plis compte's et symetriques, des figures dun type
consacre soit par des rites religieux, soit par des preceptes d’ecole; puis, apres
le xm e siede, apparait labberte', lapurete de dessin, lasouplessedesformes,la
gräce, le mouvement et la vie; au xiv c siede, la purete s altere, on exagere le
mouvement, on brise les draperies; au xv e siede,enfin, le raffinementva Croissant,
on se passionne pour le maniere et pour les lormes bizarres et contournees. Ce
n’est point lä un Systeme : des experiences multipliees m’ont rendu, j’ose dire,
familieres ces diverses gradations de l’art durant le moyen age, et, dans les
collections de sceaux et de cachets que je viens de visiler, je n ai trouve que
de nouvelles preuves a l’appui de ces observations. Les villes ou j ai vu ces
collections sont : Laon, Cambrai, Lille, Arras et Sainl-Omer. Jen parlerai
plus en detail tout a l’heure, lorsqu’il sera question des arcbives.
Je veux maintenant dire quelques mots de la pemture. Plus perissable en-
core que la sculpture, eile a du, comme sans doute on ledevine, nenouslais-
ser que des traces bien effacees et bien rares. Je parle ici de la grande peinture,
de la peinture monumentale sur pierre ou sur enduit; car, taut qua la pein
ture teile qu’on Tentend aujourd’hui, la peinture detableaux, eile n est pas
contemporaine de l’arcbitecture et de la sculpture du moyen age; eile est nee
plus tard et a fait son chemin isole'ment.
Toutefois eile avait deslors son precurseur, pour ainsi dire, dans un art au-
jourd’hui perdu, Part de Penluminure des manuscrits. Cest seulement sui le
parchemin de ces missels et de ces psauliers colories au fond des cloitres qu il
faut chercber les tableaux des xn e , xiii' et xiv° siecles. L Imagination riebe et
liardie qui brille souvent dans les encadrements fantastiques de ces tableaux,
un dessin nai'f et quclquefois piquant, une representalion fidele des usages et
des costumes du temps, enfin d’admirables couleurs preparees, fondues et
fixe'es merveilleusement, en voilä sans doute assez pour faire de eette brauche
de l’art un objet d’etude du plus grand interet : mais on se trompe si Ton croil
que c’est la la peinture du moyen age.
En effet, que peuvent avoir de commun ces chefs-d’oeuvre de patience, ces
ouvrages microscopiques, avoc cos gigantesques monuments qu elevaient et
qu’habitaient des hommes gigantesques eux-memes? N’oublions ]»as qu alors
la societe elait divisdc en deux mondes isole's et completement differents, I un
tout a l’etude et a la patience, l’autre tout ä l’action et a l’audace. Dans les