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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
chaque jour moins vive, moins naturelle, plus ferne pour ainsi dire, on sc
mit a blanchir cos helles e'glises peinles; on prit goüt aux murailles et aux
boiseriesloutes nues, et, si Ton peignit encore quelques decorations interieurcs,
ce ne fut plus, pour ainsi dire, qu’en miniature. De cc que la chose esl ainsi
depuis deux ou Irois Cents ans, on s’est liabitue ä conclure qu’il en avait tou-
jours e'te de meine, et que ces pauvres monuments s’etaient vus de louL lemps
päles et depouilles comme ils le sont aujourd’hui; inais, si vous les observez
avec attention, vous decouvrez bien vite quelques lambeaux de leur vieille
robe : partout oü le badigeon s’ecaillc, vous retrouvez la peinture primitive.
Est-il besoin de dire que les moindres vestiges de cette peinture sont au
jourd’hui du plus grand inte'rel pour qui veut reconstruire dans sa pense'e
Tensemble des arls du moyen age? J’en ai trouve quelques fragments dune
rare beaute' et un grand nombre de moindre importance, inais qui, pour la
solution de cette question arche'ologique, n’en ont pas moins beaucoup de
prix.
Voici la liste des monuments qui m’ont offert quelques debris de peinlures
plus ou moins remarquables :
i 0 Le porlail de la cathedrale de Senlis. On y voit exterieurement de nom-
breuses traces d’un coloriage assez delicat, surtout dans les parties creuses qui
separent les lilets et les tores.
2° Le porlail de Vancienne eglise des Minimes, ä Compiegne. Letympan a ogive
et les cbapiteaux de ce portail sont encore totalement peinls : les couleurs sont
harmonieuses et d’une belle qualite.
3° La cathedrale de Noyon. II sulfit de gratter legerement le badigeon pour
relrouver, sur les piliers de la nef et du choeur, les anciennes couleurs. On
voit, en outre, dans la salle du chapitre attenante a Teglise, des clefs de voüte
colorie'es, et le fond d’une arcade ogive qu’on a oublie de badigeonner, et qui
conserve, par consequent, son ancienne decoration dans toute sa purete. Jai,
surtout, remarque dans cette peinture un large et beau galon orienlal qui fait
la partie principale de Tornement, et sur lequel sonl figurees de grosses perles;
enfin, dans Tancien cloitre en ruine, tous les chapiteaux et culs-de-lampe
portent la trace des peintures de diverses couleurs dont ils elaienl couverls.
k° Saint-Pierre-a-VAssaut, ä Soissons. Les quatorze chapiteaux qui subsistenl
encore dans cette chapelle cn ruine sont lous peints en blanc et rose, ce qui
n’est probablement pas la peinture primitive, des couleurs aussi fades etanl
bien rarement employees pour orner les chapiteaux a Te'poque de la conslruc-
lion de cette chapelle, savoir au xif siede.
5° Le cloitre de Sainl-Jcan-dcs-Vignes, a Soissons. Dans l’angle de ce cloitre
qui communiquait avec Teglise, j ai trouve, derriere des decombres, une char
mante porte sculptee au xiv 18 siede, compldtement peinte et doree du haut en
bas. Le melange du feuillage, des pierreries et de la dorure, produit le plus
charmant eflct. Dans les ruines de feglise Saint-Jean, on voit aussi de nom-
breuses traces de peintures.
6° Le portail de Feglisc Saint-Ived de Braisne. Je connais peu d’anciennes