MONUMENTS HISTÖR 1QUES. — ANNEXES.
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peintures cn meilleur fitat que celles du portail. Le vert et le rouge ont par-
ticulierement conservfi un ficlat extraordinaire. Les vetements du Christ et de
la Vierge sont complelement dores. Les anges et chfirubins portent des tuniques
garnies degaions dores; leurs cheveux sont egalement rehaussfis d’or. La plu-
part de ces figures sont en relief et d'une execulion gracieuse et elegante.
7 0 Ueglise Saint-Remy, ä Reims. Dans la nef de cette eglise, on voit six pi-
liers qui portent, en guise de chapiteaux, de petites statues inclinees et assises.
Ces statues representent des personnages bibliques : Aaron, Moise, David, etc.
Elles sont revetues de couleurs et de dorures extreme ment fines : en les lavant
avec une fiponge, j’ai fait raviver ces couleurs; la robe d’Aaron, les gaions et
les pierreries qui Tentourent, m’ont particulierement frappfi. Une boiserie a
cache ces statues pendant plusieurs siecles; sans cet heureux hasard, on les
eüt sans doule grattees et badigeonnees comme taut d’autres.
8° Les ruines de Saint-Bertin, ä Saint-Omer. Le chceur de cette belle eglise
conservait encore, il y a quelques annees, les traces de sa decoration primi
tive : dfipouillee de sa toiture et exposfie a la pluie, le badigeon n’avait pas
tardfi a se dfitacher, et les anciennes peintures avaient reparu. J’en ai vu des
fragments dans les parties de ce choeur qui subsistent encore. Ce sont des ara-
besques, des dessins d’ornements, des gaions qui couvraient toutes les mu-
railles; puis degrandes figures de saints, du genre de celles qu’on voit sur les
anciens vitraux : ces personnages occupaient le fond de la petite galerie circu-
lairo qui regnait autour de l’edifice. Sous chaque ogive on voyait apparaitre
une de ces grandes Ggures; c’fitait comme autant de spectateurs muels assis-
tant aux saints mysteres.
9° Le portail de Saint-Martin, ä Laon. Si les sculplures de ce porlail sont
molles et sans caractere, le meine defaut depare les traces de peinture qu’on
y remarque encore. On voit que ces couleurs ont toujours fite fausses et indfi-
cises. Ce n’est pas que la peinture monumentale ait suivi pas a pas la sculp-
ture et l’architecture dans leur forme et leur dficadence (ainsi, Ton trouve
encore au xv e siede des dficoralions d’une grande hardiesse etd’un tres-beau
choix de couleurs); mais, nfianmoins, c’est plus parliculierement au xii“ et
au xiii g siede qu’on a excellfi en ce genre.
io. Les ruines du chdteau de Couctj. Dans l’interieur des quatre grosses tours
qui flanquent cet admirable chateau, et plus parliculierement dans le donjon ou
grande tour qui s’fileve au milieu, on apercoit les traces les plus interessantes
de Tancienne dficoration intfirieure. Non-seulement, a chaque fitage et dans
chaque piece, vous retrouvez la preuve visible que les murailles filaient com-
plfilement peintes, mais rien ne serait si facile que de restaurer aujourd’hui
ces peintures avec le seul secours des fragments qui se sont conservfis. Ici ce
sont des rosaces, la des branchages d’or enlacfis de couronnes, puis, pour en-
cadrement, des guirlandes, des gaions, des festons ou batons croisfis, des
feuillages fantastiques. Ce qui donne a ces ornements un caractere tout parti-
culier, c’est leur immense fichelle : ils sont admirablement combinfis pourpro-
duire de grands elfets, meme sous ces voutcs gigantesques.
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