M0NUMENTS IIIST0111QUES. — ANNEXES.
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Devant la fa^ade de cette cathedrale, on voit, au milieu de quelques ma-
sures, les ruines d’un ancien chäteau ou saint Louis, dit-on, fit quelquefois sa
re'sidence. Rien ne s’oppose a ce que cette tradition soit vraie, car ces ruines
sont a coup sur ante'rieures a saint Louis, d’un siede pour le moins; mais il
est assez diflicile de se rendre compte de rensemble de la construclion. Deux
tours rondes cre'nelees lui donnent l’aspect d’une forteresse; des piliers et des
colonnettes surmontees d’arcs plein cintre la font prendre interieurement pour
une eglise; c’est qu’en effetles palais alors etaient des forteresses, et, dans les
palais, il y avait des eglises. Ce que j’ai rcinarque de plus interessant au mi
lieu de ces ruines, ce sont de pelites briques ou tuiles rouges, incriislees en
zigzag et comine ornements sur quelques-unes des arcades, et d’autres de
meine espece servant d’assises a la romaine, pour separer, de dix pieds en dix
pieds environ, les pierres taillees carrement dont sont construites les deux tours.
Ces sortes d’incrustations de couleur, quoique fort en pratique dans i’architec-
ture byzantine, ne paraissent pas s’elre naluratisees generalement en Occident,
comme la plupart des autres usages de cette architecture. Du moins les exem-
ples en sont fort rares dans le nord-ouest de la France.
En somme, ces ruines ne sont pas sans une certaine valeur archeologique :
mal heu reusement, elles appartiennent par moitie ä deux proprietaires qui
n’en sentent guere le prix, et qui probablement ne les laissent debout que
parce qu’ils n’ont pas besoin de pierres. J’ai recommande a M. le sous-prefet
de Senlis de les encourager a respecter le plus longtemps possible leur pro-
pridte. Apres tout, fimportance de ce monument n’est pas teile qu’il fallüt faire
des sacrifices a l’avance pour empecher une demolition qui, d’ailleurs, ne pa-
rait pas prochaine.
11 n’y a d’autres anciens edifices a Senlis que les eglises des abbayes de
Saint-Pierre et de Saint-Vincent; elles sont en ruine, de date assez recenle,
et n’olfrent aucune espece d’intdret.
Quant aux monuments de Compiegne, ils sont tous en bon etat de Conser
vation. Il ne reste malheureusement aucun fragment de fabbaye de Saint-
Corneille. Un hdtel de ville assez mediocre et tres-mutile, mais encore solide;
deux e'glises, fune (Saint-Antoine), construction insignifiante de la meine
epoque que l’bötel de ville, c’est-a-dire des dernieres anne'es du xv° siede ou
des premieres du xvi° sifecle; l’autre (Saint-Jacques), monument curieux, en
parlie du xiii° siede, en partie du xiv“ et du xv cl ; teile est a peu pres toule
cbapileaux des colonnelles sur iesquelles elles
reposent ressemlilent, pour la neltete du tra-
vail et la Variete du dessin, aux cliapiteaux les
plus elegants des arcades pleiu cintre du
xii 8 siede. 11 y a aussi dans le portail, et no-
tamment dans les tympans des deux petiles
portes laterales, des details fort curieux ä exa-
miner. Enfiu cette eglise, comme celle de
Noyon, possede des collateraux surmont.es de
galeries aussi iarges, aussi spacieuses que l’e-
tagc inferieur, disposition fort ordinaire ä
l’epoque du plein cintre, mais d’une extreme
rarete dans les edilices a ogives.
1 Tout l’exterieur de l’eglise, savoir : les
chapelles collaterales, les fenelres, les combles,
les baluslrades qui entourent les combles, ct
enfin le portail et les tours non achevees, sont
l’ouvrage du xv“ siede et portent l’empreinte
de son goül indecis et abalardi. Mais il y a
dans l’interieur le noyau de i’edificc, pour