MONUMENTS H1STOIUQUES. — ANNEXES.
567
destinee ä exposer les religieux du couvent apres leur morl; eile devait plus
probablement servir de grande salle de chapitre, et. par exemple, pour les
assemblees generales de l’ordre des benedictins de Picardie, dont Ourscamp
etait en quekpie sorle le cbef-lieu. Elle forme un tres-vaste parallelogramme;
un double rang de piliers la divise en trois longs et larges vaisseaux; ces pi-
liers, tres-espaces, tres-eleves, ä cbapiteaux simples et uniformes, dounent
naissance a des voutes ogives des plus sveltes et des plus hardies. La porte
place'e au milieu est une simple ogive a peine ornee de quelques filets unis
et se'veres.
L’ancienne eglise est beaucoup moins bien conservee; il ne resle veslige ni
de la nef ni des collateraux; le choeur seul subsiste encore, mais depouille de
sa toiture; les voutes ä demi ecroulees. Les ogives sont pures et se posent sur
de gros piliers a cbapiteaux simples et uniformes. La salle des Mores doit etre
une construction du milieu du xiii® siede; le choeur de fdglise peut aussi ap-
partenir a cette epoque. Au resle, je le repete, ces ruines sont entre bonnes
mains; eiles n’ont ä craindre que les hivers 1 .
Les edifices de Noyon ne courent pas meine ce danger; de bonnes couver-
tures, des fondations inebranlabl.es, un entretien annucl süffisant, assurent a
la calhedrale une tres-longue dure'e. Je ne m’arreterai donc pas ä decrire ce
bei edifice, puisqu’il est inutile d’inleresser en sa faveur. Ailleurs je parlerai
des grands caracteres de transitiou qui le distinguent, de son portail et de ses
tours noires et severes, de sa nef dont les arcades, quoique ogives, reposent
alternativement sur un pilier et sur une colonne, comme au temps du plein
cintre, des grandes galeries a cbapiteaux varies qui regnent au-dessus de lous
les collateraux, et tant d’autres singularites de detail qui font de ce monument
un precieux objet d’etude.
A l’epoque des guerres de la commune contre l’eveque, cette e'glise avait ete
fortifiee et berissee de tourelles. II reste encore un long pan de mur crenele,
d’un style superbe et parfaitement exe'cute. Toutefois il n’est pas contemporain
des premieres querelles de la commune, car il n’a guere ete construit qu’a
l’entrde du xm e siede. Derriere le mur, il y avait un joli petit cloitre de la
meine epoque, attenant ä l’eglise : on Ta ddmoli il y a un an ou deux, sans
necessite', sans motif, par pure envie de mal faire; cependant on m’a promis
de respecter deux ou trois arcades qui ont ecbappe a la destruction. Quant a
fbotel de ville, presque semblable a celui de Compiegne par le style et par la
date (1A99), il est ä peu pres aussi solide; le füt-il moins, il n’y aurait pas
lieu de beaucoup s’en inquieter 2 .
1 A la place des piliers de la nef qui n’exis-
tent plus, on a plante deux rangees de peu-
pliers qui ont dejä alteint une grande eieva-
vation. Dans l’ete, cette nef de verdure doit se
marier admirabiement avec les ruines du choeur,
dont les colonnes et lesarceaux ä jourseinbient
suspcndus en fair.
- 11 y a, dans l’escalier decethöteldeville,
un cul-de-lampe d’une obscenile incroyable.
Comme bien Ton pense, le personnage obsceno
est un meine; les bourgeois, des qu’ils en
avaient le pouvoir ou l’occasion, manqnaienl
rarement de s’egayer aux depensdes habilanls
des cloilres. Sous le portique de l’liotel de ville
de Saint-Quentin, on voit des singes en ha-
bits de moine, gesticulant dans des cliaires ä