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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
Mainlenant, Monsieur le Ministre, noiis allons arriver devant une se'rie de
monuments qui ont tout autrement besoin de votre assistance; car, faute de
secours, ils sont en danger de mort. Le premier de tous est le cloitre de Saint-
Jean-des-Vignes. Le choeur et la nef de l’eglise de'molis, les materiaux enleve's,
le terrain uivele est aujourd’hui pret ä recevoir un parc d’artillerie. Les offi-
ciers du genie pretendent que, pour loger a l’aise leurs canons, il leur faut
abattre encore ce qui reste du cloitre; je dis ce qui resle, car des quatre gale-
ries ou promenoirs donl se composait ce cloitre, il en est une qui a deja dis—
paru, et c’est pre'cisenieut ce qui rend tout a fait inulile la de'molition proje-
tde; car la cour du cloitre est maintenant ouverte et se confond d’un seid gazon
avec le terrain deblayd. Que gagnerait-on ä la demolition des Irois galeries
subsistantes? Trois bandes de terrain de liuit a neuf pieds d’epaisseur tout au
plus, ce qui est ä peu pres imperceplible dans un si vaste local. Je sais que,
si le besoin du Service railitaire i’exigeait impe'rieusement, il faudrait se rdsi-
gner a voir abattre ces galeries, fussent-elles encore plus elegantes et mieux
sculptees; inais j’ai lieu de croire que ce n’est nullement par necessite et seu-
lement par gout de proprete, par envie de faire place nette et faute de savoir
la valeur de ces ruines, que MM. les officiers du genie ont forme le projet de
les abattre. Aussi ai-je lieu d’esperer qu’ils se rendront ä mes prieres, surtout
si vous voulez bien, Monsieur le Ministre, y joindre une invitalion de votre
part de ne porter la inain sur ce joli monument que dans le cas d’une absolue
necessite'.
Quant an portaii de Teglise et aux deux grands clochers qui, plus heureux
que la nef et le cbceur, ont ete laisses debout, on ne parle pas encore de les
demolir; mais leur tour viendra, si vous n’y mettez bon ordre. Ce ne sont ni
les moulures admirablement sculptees, ni le beau style des ornements qui de-
corent ce portaii tout eutier et les clochers jusqu’a leur mi-hauteur, qui leur
feraient obtenir grace; j’oserais, tout au plus, compter sur i’utilite dont peuvent
et re ces hautes aiguilles pour les ingenieurs du cadastre et pour les reconnais-
sances en cas de siege.
Il est encore a Soissons plusieurs edifices menaces; mais, en intercedant
pour eux, je me Hatte de pouvoir les sauver. Je serai aide dans cette bonne
oeuvi’e par M. Gencourt, architecle de la vilie, plein d’amour et de zele pour
les monuments historiques. Il m’a promis de faire continuellement sentinelle;
uon-seulement dans la vilie, mais dans les campagnes d’alentour, ou se trouvent
en assez bon nombre des eglises d’une grande anciennele.
En sortant de Soissons, ä quatre Heues sur la route de Reims, on enlre a
Braisne, pelile vilie ou, vers le milieu du xn c siede, un frcre de Louis le
Jeune, Robert de France, comte de Dreux, premier du nom, et son epouse,
Agnes de Baudiment, comlesse de Braisne, poserent les fondements d’une
grande et belle eglise, qu’iis consacrerent ä saint lved L Les reliques de ce
precher. Du resle, ce cul-de-l<impe sculpte est temenl mulitee et presque completement de-
lout ce que j’ai trouve de remarquable dans pouillee de ses ornements.
t’liötel de vilie de Noyon ; la facade est comple- 1 Oulre t’eglise de Saint-Ived, on voil ä