MONUMENTS HISTORIQUES. —ANNEXES.
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bienheureux y furenl transporlees; et, apres la mort des foudateurs, Icur bis
Robert II continua la construclion a peine ebauchee et y mit la derniere main.
Haimard de Provins, eveque de Soissons, en fit la dedicace eil 1216. Depuis
ce temps jusqu’en 1282, cette eglise devint une sorle de succursale de Saint-
Denis; du moins, eile donna successivement la sepulture a dix membres de la
lignee royale.
Le dernier qui s’y fit enterrer fut Robert IV, eu qui s’eteignil ia posterile
masculine des comtes de Dreux et de Braisne.
lndependamment de cette illustration historique, fe'glise de Braisne a tou-
jours die tres-renommee comme oeuvre d’arcbitecture. Elle n’a pourtant pas
encore Televation, la purete, la simplicite grandiose des e'glises du xm° siede
proprement dit; je ne lui ai point trouve non plus le charme qui nie seduit
dans certains monuments de transition, ou le plein cintre et l’ogive s’entre-
lacentpour ainsi dire, et iutteut de grace et de noblesse : mais une belle dis—
tribution, une re'gularite parfaite, des ddtails delicats et ingenieux, quoiqu’un
peu monotones; enfin la date de la fondation (11 52), qui, mise en regard de
funite constante du plan, attesto chez le premier architecte un genie singulie-
rement precoce et hardi pour cette epoque de lätonnements et de transitions;
voila certainement bien des motifs pour qu’on s’interesse a fe'glise de Braisne,
qui, a demi demolie pendant la Revolution, ne peut manquer de s’ecrouler
si on ne lui prete secours.
Le dernier gouvernement favait prise en affection, peut-dtre a cause de sa
beaute', plus probablement a cause de ses dix tombes royales. Le 11 septembre
1827, la restauralion de f eglise fut mise en adjudication. Le devis convenu
s’e'leva a 72,319 francs. Depuis ce temps, 011 a execute des travaux pour
51,5/19 francs,et fon reconnait maintenant qu’il faudrait depenser une somme
encore plus forte, c’est-a-dire environ 60,000 francs, pour achever complete-
rnent la restauration. Ce resultat est decourageant; et, en ce moment surtout,
il ne serait pas opportun de s’engager dans ces nouvelles depenses; mais on
ne peut, je crois, se dispenser de continuer les payements jusqu’ä concurrence
du montant de l’adjudication de 1827. Avec ce reste de secoui’s, il y a moyen,
selon moi, de mettre le monument dans un etat de Conservation au moins
provisoire, ainsi que je tacberai de vous en donner la preuve, Monsieur le Mi-
nistre, dans un rapport particulier a ce sujet.
Des constructions plus imporlantes encore avaient ete entreprises dans la
ville de Reims, non-seulemenl pour faire quelques reparations a la fagade de
Braisne, ou du moins ä un quart de lieue de
la ville, sur la liauteur, les ruines d’un ancien
cliateau du xn° 011 du xin" siede, qu’on appe-
lail , je ne sais pourquoi, la Folie de Braisne.
Le elialeau est assez pelit, les losses sont pro-
fonds, les tours sont hautes, mais non pas ce-
pendant d'une elevation gigantesque. II u’y a
rieu lä-dedans qui ressemble a unefolie“. Au
reste, le proprietaire acluel de la Folie la con-
serve et l’entretient fort sagement. L’ancienne
conr interieure, ou place d’armes, est con-
vertie en un jardin coupe de petits massifs et
de petites allees. Une porte defend l’entree
de la forteresse conlre les vagabonds et les de-
rnolisseurs. De cette liauteur la vue est admi-
rable.
“ Au moyen «ige , on appelait folie ce que de nos jours on appeile maison de Campagne, maison de plaisance.