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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
Ia cathedrale, comme je Tai dit plus haut, mais, d’une pari, pour restaurer
et consolider Fantique et belle e'glise de Sainl-Remi; d’autre pari, pour de'co-
rer et inettre a neuf la petite chapelle de Farcheveche'.
Saint-Remi est un monument d’une si haute importance historique, et son
architecture est a la fois si noble, si originale, si varie'e et si instructive, qu’il
y aurait sacrilege a Tabandonner. Je n’ai jamais vu de monument oü Ton put
mieux distinguer et lire plus couramment, pour ainsi dire, les diffe'rentes dates
de sa construction. Relevee de fond en comble par l’abbe Herimart, de io4i
a 10Z19, il ne reste de cetle ancienne construction que les grosses murailles,
et en quelque Sorte la carcasse de Fe'difice. En 1 162, on recouvrit d’une e'pais-
seur de pierres taille'es a la moderne tout l’interieur de la nef, et l’on cons-
truisit a neufle rond-point, le choeur et le portail; enfin Farcheveque Robert
de Lenoncourt eleva, en 1A81, le transept sud tout entier. Toutes ces sou-
dures, a dates certaines, sont d’un extreme inleret pour l’histoire de l’art,
sans compter que le style general de l’edilice suflirait pour faire souhaiter vi-
vement sa Conservation. io5,ooo francs 011t deja ete depenses; pour que les
travaux soient mis a fin, il faut encore en depenser 115,000. Mais les repa-
rations, quoique loutes necessaires, ne sont pas toutes dgalement urgentes.
J’aurai rbonneur de vous proposer, Monsieur le Ministre, lesmoyens de conti-
nuer cette restauration, de teile Sorte que, sans exiger des ä pre'sent de trop
fortes sommes, la solidite de l’eglise ne puisse etre compromise.
Quant a la chapelle de l’archeveche, on ne la restaure pas, on la decore; et,
jusqu’a un certain point, ces travaux peuvent sembler commandes plutdt par
le luxe episcopal que par Finteret de l’art. Mais tel est le gout exquis, la par-
faite convenance, le sentiment tout historique qui preside a cette decoration,
commencee sous les auspices de Mazois et continuee par son eleve M. Robelin;
tel est d’ailleurs l’titat d’avancement des travaux, que ce serait vraiment dom-
mage de ne point les achever. Les fonds proviennent de trois sources, du mi-
nistere de Finterieur, du ministere des affaires ecclesiastiques, de Fintendance
de la maison du roi. Aussitöl qu’il se trouvera quelques sommes disponibles
dans l’un de ces trois departements, il est a desirer qu’on les consacre a ter-
miner cette decoration.
Au reste, ce sont la les seuls travaux qu’il convienne d’autoriser a Reims.
M. le maire de la ville m’a pai’le d’un plan suivant lequel l’arc de triomphe
romain, qui se trouve aujourd’bui enclave dans le rempart, serait rendu a sa
premiere destination, et servirait d’entree a la ville, au lieu de la porte Mars,
qui est a cöte. Un tel projet n’aurait que des inconvenienls, et jamais depense
n’aurait e'te' plus inutile. D’abord, cet arc de triomphe, tout mutile, fait un
assez bei effet comme bas-relief; il n’aurait ni forines ni style comme monu-
ment isole; en second iieu, ii a ete consolide et peut subsister cncore long-
temps dans l’etat actuel; il s’ecroulerait infailliblement si seulement une cliar-
rette passait sous sa voute.
Ainsi, les choses doivent rester comme eiles sont, et il ne faut plus songer
au plan projete.