MONUMENTS HISTORIQUES, — ANNEXES.
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assez grande distance de l’eglise; et, pourprevenir les accidents dont on parle,
il sullisait d’entourer les ruines d’un simple treillage en bois, et au besohl d’y
poser une senlinelle.
Quoi qu’il en soit, lorsque j’arrivai en toute häte a Saint-Omer, deja la
plus grande partie du choeur avait e'te renversee par la mine; et ce qui restait
clevenait, faute de point d’appui, bors d’etat de lenir debout; il a donc falln
se resigner a laisser achever la deslruction des deux ou trois arcades que ia
mine n’avait pas encore atteintes. Heureusement, M. le maire m’a promis
qu’on n’irait pas plus loin, que les demolisseurs seraient renvoyes, et qu’on
respecterait la tour, le portail et la nef. Cependant je ne vous cache pas, Mon
sieur le Ministre, que les liabitants de Saint-Omer sont, en general, tres-mal
disposes pour ces ruines; je n’ai guere Irouve', a inon grand depit, que quel
ques familles anglaises qui sympathisassent avec eiles et voulussent les sauver;
quant aux habitants proprement dits, leur desir est que Feglise fasse place a
un marchd aux veaux qu’ils sollicitent et qu’ils trouveraient tres-bien situe dans
cette grande enceinte. Il y a donc encore a trembler pour les ruines de Saint-
Berlin, a moins qu’on ne de'couvre quelque autre local favorable pour un
marche aux veaux.
On a si peu d’amour a Saint-Omer pour les vieux monuments, qu’on sou-
pire apres la demolilion de Thötel de ville actuel, dont les parties les plus
anciennes ont deja etd detruites, il y a peu d’annees, et qui, tel qu’il est, offre
encore d’assez jolis ddtails des xiv e et xv“ siecles. On ne sera heureux que
quand on verra s’dlever sur ses debris un joli bötel de viile, bien blanc et bien
regulier. Ddja la ville avait amasse /io,ooo francs pour cette belle oeuvre, et
l’on devait commencer au printemps; mais, par bonheur, les fonds publics
ont baisse, et les magistrals ont sagement pense qu’il valait mieux acheter
de bonnes rentes a la ville, avec les Ao,ooo francs, que de renverser et de
tailler des pierres. Ce sont quelques ann^es de repit pour le pauvre hötel de
ville.
A Boulogne-sur-Mer, ville ou l’on apprecie les arts presque autant qu’on
les neglige a Saint-Omer, on respecte les monuments; malheureusement, il y
en a peu; le seul que j’y aie remarque avec quelque mteret n’a guere que
trenle ans d’existence: c’est une fameuse colonne de marbre que l’armee du
camp de Boulogne fit construire pour celebrer la creation de l’ordre de la
Legion d’honneur. Les habitants de Boulogne demandaient, il y a quelque
temps, aux Chambres, qu’on fit achever ce monument; il faudrait une somme
si legere, ce me semble, pour satisfaire a leur requele, qu’on ne saurait la
leur refuser. Cette colonne, dlevee sur la falaise, est d’un effet grandiose; eile
estbatie en materiaux admirables, tailles et travailles avec perfection 1 : qu’on
1 Le marbre dont esl construite eette co-
tonne, et qu’on a nomme marbre Napoleon,
est susceptible d’un assez beau poli; it est dur
et compacte. En monlant l’escalier qni tourne
interieurement autour de ta colonne, on a
plaisir ä conlempler ces jjrandes pierres si bien
taillees et si merveilleusement joinles; mais,
d’un autre cotd, on souffre de voir l’eau lom-
ber en Cascade sur les marches de i’escalier,
faute d’une porle fcnnant assez bien pour ar-