574 EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
1a laisse inachevee, eile se degradera; qu’on tennine le pcu de travaux restes
en suspens, olle durera des siecles.
En terminant ici ce qui concerne les monuments et leur Conservation, lais-
sez-moi, Monsieur le Ministre, dire encore quelques mots a propos d’un mo-
nument plus etonnant et plus precieux peul-etre que tous ceux dont je viens
de parier, et dont je me propose de lenter la restauration. A la verite', c’est
unc restauration pour laquellc il ne faudra ni pierres ni ciment, niais seule-
ment quelques feuilles de papier.
Reconstruire ou plutdt restituer dans son ensemble el dans ses moindres
dclails une forteresse du moyen age, reproduire sa decoration interieure et
jusqu’a son aineublement, en un mot lui rendre sa forme, sa couleui, et, si
j’ose dire, sa vie primitive, tel est le projet qui m est venu tout dabord a la
pensee en entrant dans fenceinte du cbatcau de Coucy. Les tours immenses,
ce donjon colossal, semblent, sous certains aspects, batis d liier; et, dans
eurs parties degradees, que de vcstiges de peinture, de sculpture, de distri—
butions inte'rieures! que de documents pour 1 Imagination ! que de jaloiis
pour la guider avec certitude a la decouverte du passe, sans compter les anciens
plans de Ducerceau, qui, quoique incorrets, peuvent aussi etre d’un grand
secours!
Jusqu’ici ce genre de travail n’a die appiique qu’aux monuments de l’anti-
quite. Je crois que, dans le domaine du moyen age, il pourrait conduire a des
resultats plus utiles encore; car, les inductions ayant pour base des faits plus
recents et des monuments plus cntiers, ce qui n est souvent que conjeclures a
l’egard de fantiquite' deviendrait presque certitude quandil s’agirait du moyen
age; et, par exemple, la restauration dont je parle, placee en regard du cha-
teau tel qu’il est aujourd’hui, ne rencontrerait, j’ose le croire, que bien peu
d’incredules.
Quant au chateau lui-meme, quoique en ruine depuis deux cents ans, i!
est heureusement a l’abri de loulcs degradations nouvellcs; car il fait parlie
des domaines du roi, et Sa Mojeste le fait conserver avec un respect reli-
{fieux.
Arrive au terme de ce long rapport, je vous demanderai la permission,
Monsieur le Ministre, de retracer sommairement les diverses propositions que
je viens d’avoir l’bonneur de vous soumettre.
Voici ces propositions :
i° Envoyer a Reims, vers le commenccment d’avril, deux ouvriers mou-
leurs pour prendre des creux de stalues et bas-relicfs dont je donnerai 1 indi
calion;
2° Faire demander par les aulorites municipales de Saint-Omer, aux
membres de la fabrique de la cathedrale, qu’ils laissent transporter a la bi-
bliotheque, ou en autre licu sur, les pierres sculptees qui Font parlie du pave
röter la pliiie snr la pelito terrasse qui sur- si necessaircs a la Conservation d’un monu-
monle la colonne. laent, et quelques gradins qui entourent la
11 ne reste ä terininer qno ces petits delails, base de la colonne.