MONUMENTS H1STOR1QUES. — ANNEXES.
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aussi promptement que possible, est infiniment moins coüteuse qu’une suite
de petites reparations qu’il faut saus cesse recommencer. Au point de vue de
Tart, on ne trouve pas moins d’avanlages; car, lorsqu’une allocation est large
et proportionnee aux besoins d’un monument, on peut donner aux travaux
une direction methodique et les confier a des architectes d’un talent eprouve.
II suffit de jeter les yeux sur la plupart de nos anciens edifices pour se con-
vaincre que des reparations inaladroites leur ont eie presque toujours plus fu-
nestes que les ravages du temps.
Les inconvenients du Systeme des reparations lentes et partielles se sont
fait sentir surtout dans les travaux executes aux theatres d’Arles et d’Orange.
Depuis bien des annees, ils rejoivent des subventions mediocres en comparai-
son de la grandeur de l’entreprise, considerables pourlant eu dgard a la fai-
blessedes cre'dits d’ou elles sont tirdes. Queis sont les resultats obtenus? Nou-
seulement le deblayement du sol antique n’est pas acheve, mais beaucoup de
terrains restent a acquerir, et l’etat de ees ruines si precieuses inspire encore
de vives inquietudes. Si Ton faisait le releve des depenses que ces deux monu-
ments ont coute jusqu’a ce jour, il est plus que probable que leur total, mis
tout d’abord ä la disposition d’un architecte habile, eüt suffi a un deblayement
complet, a une restauration durable. En outre, la lenteur des travaux a eveille
la cupidite des proprietaires etablis sur le sol antique; eile leur a permis d’e-
lever successiveinent leurs pretentions, et, ce qui est encore plus affligeant, de
compromettre, par des degradations, Texislence meme des ruines imposantes
pour lesquelles on a deja fait tant de sacrifices.
La Commission s’etait tlaltee qu’un credit special pourvoirait ä la restau-
ralion definitive des the'atres d’Orange et d’Arles. Un travail prepard par un
de ses membres avait demontre 1’utilite de cette mesure et en avait precise la
depense, qui ne s’eleve qu’a une somme de 3oo,ooo francs; mais des motifs,
qu’il n’appartient pas a la Commission d’apprecier, ayanl determine l’ajour-
nement de ce projet, il a fallu faire face, avec les seules ressources du fonds
ge'neral des monuments historiques, aux travaux les plus urgents reclames
par ces deux immenses debris de la splendeur romaine. Les allocations qu’on
a jugees ne'cessaires, et qui pourlant ne sont pas ce qu’elles devraient etre,
ont fortement alfecle ce fonds de secours, et Ton ne pourrait les renouveler,
Tannde prochaine, sans negliger d’autres travaux aussi importants. Sur ce
point, Monsieur le Ministre, la Commission appelle loute votre sollicitude, et
se plait a esperer que, sous vos auspices, un credit special sera accorde' a une
entreprise aussi utile pour les arts et les dtudes arcbeologiques.
Toutefois, Monsieur le Ministre, les subventions accordees cette annee (les
plus conside'rables qu’aienl encore • rejues ces deux monuments) promettent
des resultats utiles.
A Orange, les salles du postscenium seront acquises, et Ton n’aura plus ä
craindre ddsormais ces degradations alarmantes que leurs proprietaires y fai—
saient journellement. L’enceinte antique sera fermee et soumise ä une exacte
surveillance.
V.
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