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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
vous a deja ete honorablement eite. Quelques expropriations sont encore ne'-
cessaires pour isoler le theatre et particulierement les constructions antiques
quile lienta l’Hippodrome.
Des sacrifices plus considerables sont reclames pour le tbeatre d’Arles. Des
rues a percer, des terrains a niveler, de grands travaux de terrassement aug-
menteront les depenses prevues pour I’acquisition du sol autique. On a reconnu
toutefois que I’emplacement qu’ii s’agit de deblayer pouvait etre re'duit; on a
lieu d’esperer que, moyennaut Tachat ou I’expropriation de quelques maisons
fort me'diocres, on pourra bientöl I’enclore et conserver les parties du monu-
ment qui ont subsiste' jusqu’a ce jour.
Alors seulement pourra etre complete' le de'blayement de ia scene antique et
des salies des mimes, qui, par leur comparaison avee les meines parties du
theatre d’Orange, offriront un vif interet aux arts et a l’archeologie.
Les fouilles partielles auxquelles les dernieres acquisitions ont donne lieu
sur le theatre d’Arles ont amene la decouverte de quelques fragments antiques
qui ne sont pas sans importance. On a trouve des restes assez considerables de
la decoration en marbre de la scene, quelques debris de bas-reliefs et d’ins-
criptions, enfin un beau fragment de la statue d’Auguste dont le rnuse'e d’Arles
possödait deja une parlie du torse et dont la töte esl en ce moment a Paris,
au musee du roi.
La Commission, dans son i’apport de l’annee i84o, avait sollicite un credit
special pour le deblayement des tbealres d’Arles et d’Orange, Operation qu’ii
importait de conduire rapidement, et dont la depense excedait de beaucoup les
ressources ordinaires. L’augmentation votee par les Chambres au budget des
monuments historiques, sur la proposition de M. le comte de Sade, a permis
d’entreprendre ces grands travaux d’une maniere convenable, quoique avec
un peu plus de lenteur. Mais une autre restauration, a laquellela Commission
attache le plus grand interdt et dont vous l’avez autorisee a commencer l’e'tude,
ne lui parait executable qu’au moyen d’une allocation extraordinaire tout a fait
en dehors des pre'visions generales du budget. Vous avez compris qu’ii s’agit
de i’eglise Saint-Ouen a Rouen, ce chef-d’oeuvre inacheve de l’architecture go-
thique.
Le Gouvernement, par le soin qu il apporte depuis quelques annees ä la
Conservation et a la restauration des monuments du moyen age, a donne un
exemple que presque tonte l’Europe imite aujourd’hui. En Italic, en Alle—
magne, en Angleterre, des travaux immenses sont en cours d’execution; les
princes et les peuples s’imposent a l’envi les sacrifices les plus conside'rables.
La France, dont l’influence sur les arts est si puissante, ne demeurera pas en
andere, nous l’esperons, dans cette lulte nouvelie ou la magnificence de ses
monuments et. le talent de ses artistes semblent lui donner tant d’avantages.
Vous connaissez, Monsieur le Ministre, le projet vraiment gigantesque au-
quel Sa Majeste le roi de Prusse vient d’attacher son nom. Les travaux de la
cathedrale de Cologne, interrompus depuis si longtemps, ont ete repris cette
annee, et, si Ton en juge paria grandeur des pre'paratifs, nous verrons bientöt