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MONUMENTS HISTORIQUES. — ANNEXES.
publique d’objets d’art a lieu a Paris, il est ave're que les ressources ordinaires
de ces eTablissements ne peuvent faire concurrence aux offres des amateurs, et
surtout des amateurs e'trangers. Combien de riches collections perdues pour
la France, parce que ie Gouvernement se trouve saus moyen pour les acquerir!
Quelques exemples prouveront l’importance des pertes que la France afaites
de cetle maniere.
La Collection de M. le baron Denon s’est divisee, sans qu’aucun de nos eta-
blissemenls scientifiques s’en soit enrichi.
La Bible d’Alcuin, mise en vente a Paris, n’a pu trouver d’acheteurs et a
etd vendue en Angleterre.
La statue en bronze trouvee a Lillebonne a e'le egalement portee en pays
etranger.
La colleclion de portraits historiques de M. Alexandre Lenoir a ete' acbete'e
par un libraire de Londres.
Les tableaux pre'cieux de madame la duehesse de Berry, la Collection de
M. Sallies, d’Aix, celle de M. Minaut, qui renfermait unmonument historique
inappreciable, la table d’Abydos 1 , ont passe en Allemagne et en Angleterre.
Jusqu’ici, Ton s’est borne a citerdes monuments nationauxou des collections
que Ton peut appeler francaises, puisqu’eiles ont ete' forme'es par des Francais,
et que nos artistes et nos savants pouvaient les consulter. Mais les objets d’arl,
dun inte'ret gene'ral, qu’un beureux liasard amene pour quelque temps sur
notre territoire, n’y a-t-il pas une especc de honte a les en laisser sortir? Tous
les artistes se sont adliges dernieremenl en apprenant que la Vierge au cande-
labre, de Raphael, et le Francia qu’ils avaient admire's a Paris, oü ils ont die
exposes en vente, ont ete achete's pour un prix peu eleve' en Angleterre.
Lorsqu’un Frangais visite les muse'es de Londres, de Berlin ou de Munich,
dont Texistence ne remonte qu’a quelques anne'es, il est trappe' de leur richesse,
et, s’il vient a s’enqudrir de Torigine des objets qu’il admire, il apprend sou-
vent que c’est de France qu’ils viennent, mais qu’ils n’ont pu y trouver des
acheteurs. A Paris, quelques particuliers dispulent seuls aux e'trangers la pos-
session des objets d’art qui paraissent aux ventespubliques. Rarement les agents
du Gouvernement peuvent entrer en concurrence avec eux.
Les sommes conside'rables que le roi consacre tous les ans a Tacquisilion de
nombreux objets d’art sont des encouragements aux artistes modernes, dont il
est impossible de rien distraire pour completer les collections de lableaux et
de sculptures, ouvrages d’anciens maitres.
Serait—il donc impossible de remedier a Tinsuffisance bien constatee des res
sources dontle Gouvernement disposepour eulretenir et enrichir nos grandes
collections nationales?
Sans doute, dira-t-on, la libe'ralite des Chambres ne fera point laute a Tad-
ministration, toutes les fois qu’elle lui demandera de doter le pays d’un chef-
d’oeuvre reconnu. La Commission sait combien eiles sontjalouses de nosgloires
1 La table d’Abydosa ete vendae, ä Paris, 1/1,000 Tranes, et le Gouvernement n’a pti l’acheter!