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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE,
nationales, et ce serait toujours avec confiance quelle en appellerail ä leur
generosite et a leur patriolisine. Mais les occasions sont rares, toujours inat-
tendues; il faul aux speculateurs non des esperances, mais de Targent comp
tant; il faut pouvoir conclure un marche rapidemeut et sans hesiler, souvent
avec une espece de mystere.
L’institution d’un Fonds de reserve consacre exclusivement a l’achat d’objets
d’art anciens, et convenablement administre, permettrait seule au Gouverne
ment de profiter d’occasions telles que celles qui viennent d’etre citees. Une
somme de 200,000 francs suffirait peut-etre, ajoutee annuellement au fonds
des beaux-arts, pourvu qu’il futpossible de reporter toujours au budget d’annee
en annee le reliquat dont on n’aurait pas trouve a faire Temploi. Oserait-on
mettre en balance le sacrifice qu’on reclame avec les resultats qu’on en doit
esperer?
La Commission, Monsieur le Ministre, ne croit pas etre sortie de ses attri—
butions en appelanl votre sollicitude sur un objet qui inte'resse les arts a un
si haut degre. Elle espere que vous voudrez bien voir, dans la proposition
quelle a l’honneur de vous adresser, son vif desir de justifier la confiance que
vous lui avez toujours montree.
La pluparl des travaux dont la Commission vient de vous entretenir, les res-
taurations qui se poursuivent en ce moment dans plusieurs de nos provinces,
n’auraient pu avoir lieu sans le concours des localilds qui se sont associees
genereusement aux efforls defadministration centrale. Depuis quelques annees,
ä rindiffe'rence dont la plupart de nos grands monuments ont ete Tobjet pen-
dant tres-longtemps, a succe'de un Sentiment de respect et de juste orgueil que
doit inspirer la possession de tant de chefs-d’ceuvre. On commence a com-
prendre que c’est un depdt dont la posterile demandera compte ä notre epoque,
qui s’honorera en le lui rendant intact. Dans beaucoup de departemenls, des
societes savantes se sont formees, qui s’occupent avec zele de fetude de nos
antiquites nationales. L’interet qu’elles inspirent, les subventions qui leur sont
accordees par les autorites locales, n’excitent plus fetonnement ou les railleries
de Tignorance. Presque partout, la Commission se plait avousen donnerl’as-
surance, eile a rencontre des sympathies qui ont rendu sa täche moins difficile.
Plusieurs fois eile a pu vous fournir des preuves materielles de cette heureuse
tendance de fopinion publique, et, en faisant le releve des depenses occa-
sionnees depuis quelques annees par la restauration des monuments histo-
riques, eile a constate que les subventions des de'partements ont e'te presque
toujours egales ä celles du ministere de Tinterieur.
L’empressement des de'partements et des communes a solliciter aupres de
l’administration centrale des instruclions aussi bien que des secours est encore
un re'sultat dont il laut se fe'liciter; car les saci'ifices les plus genereux seraient
sans effet s’ils n’e'taient diriges vers un but verilablement utile.
Pendant que de toutes parts on reclame du Gouvernement une direction
puissante pour les travaux d’art, ils continuent a demeurer partages entre plu
sieurs ministeres, qui exercent chacun une action independanle beaucoup