592
EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
C’csl surtout dans la restauralion des monuments du moyen äge que le desir
d’innover peilt egarer parfois les arlistes les plus eminenls, lorsque, au lieu de
suivre pas a pas los traces loujours recounaissables de leurs devanciers, ils
veulent imprimer sur les edifices qu’ils reparent la Irace de leur passage.
La Commission a cru reconnaitre i’oubli des principes qu’elle vient d exposer,
dans les Iravaux importants executes depuis plusieurs annees dans Teglise de
Saint-Denis. Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans de longs details a ce sujet,
rnais eile ne peut s’empecher de vous rappeier qu’ä la suite d observations
officieuses qu’elle vous avait adressees, il y a quelques mois, sur la restauration
de cet edifice, un de vos collegues vous communiqua un rapport d’une Com
mission mixte de ITnstitut sur les meines travaux. Bien que les conclusions de
ce rapport soient, au fond, sur tous les points importants, conformes a celles
que vous avait presentees la Commission des monuments historiques, le defaut
de publicite du rapport de la Commission mixte a fait naitre des meprises sur
lesquelles il importerait d’appeler des explications completes. La Commission
des monuments historiques vous demande donc, Monsieur le Ministre, de
vouloir bien faire publier la note quelle vous a remise et le rapport qui vous
a ete communique, en lui permettant d’y joindre de nouvelles observations,
qui, eile l’espere, ne pourront qu’etre profitables ä l’art, et eclairer le public
sur le verilable Systeme qu’il convient de suivre dans la restauralion des edifices
anciens.
Les jugements portes sur les travaux auxquels il vient d’etre fait allusion
n’etaient pas necessaires pour obliger la Commission a s’entourer des rensei-
gnements les plus positifs avant de soumetlre ä votre approbalion les projets
qui concernent nos monuments. Elle cliarge tous les ans des architectes qui
possedent sa confiance d’etudier sur les lieux la Situation et les besoins des
edifices pour lesquels de grandes reparalions sont reclamees. Les etudes gra-
pbiques qui lui outete presentees cette annee, en lui faisant connaitre 1 etat
alarmant de plusieurs monuments d un baut interet, pour lesquels de larges
subventions sont devenues necessaires, obligent la Commission a vous rappeier
de nouveau Tin Süffisance du credit des monuments historiques.
L’eglise Saint-Philibert, a Tournus, Tun des edifices les plus anciens, les
plus vastes et les plus beaux que nous possedions, exige des secours urgents. Sa
Situation est teile, que, s’ils elaient differes,sa ruine deviendrait inevitable.
Aujourd’hui Ton peut la prevenir encore; mais, bien que M. Qucstel ait
re'dige son projet en se conformant aux instructions les plus precises pour se
borner aux travaux de consolidation absolument necessaires, la restauration de
Saint-Philibert exige neanmoins des sacrifices considerables.
La fa^ade de Notre-Dame, a Poitiers, si celebre par les curieuses sculptures
qui la couvrent depuis sa base jusqu’ä son sommel, inspire en ce moment les
plus vives inquietudes. C’est encore un travail qui ne se peut ajourner et qui
entrainera de grandes ddpenses.
L’abbaye des Dames, dans le faubourg de Sainte-Palaye, a Saintes, depuis
longlemps transformee en caserne, allait etre demolie, lorsque, sur vos