MONUMENTS HISTORIQUES. — ANNEXES.
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C’est a vous, Monsieur le Ministre, temoin de ses efforts et de ses regrets,
qu’il appartient de la tirerd’une Situation si penible. La cause des arls a tou-
jours eie populaire en France, et, aujourd’hui que les monuments historiques
de toutes les epoques sont apprecies par les gens de gout, pourrait-on refuser ä
Tadministration les moyens de conserver ces glorieux Souvenirs? La Commis
sion ose se flatter que les restaurations execute'es sous sa surveillance ont öte ä
la critique le droit d’en contester Tutilite et d’en nier les heureux re'sultats.
P. M.
Paris, le 17 juillet i85o.
Monsieur le Ministre,1a Revolution, quia cliange tant de clioses en France,
n’a pas diminue Tinleret qui s’attache a nos monuments nationaux, interet bien
tardif, il est vrai, et qui succede a une longue periode de vandalisme ou d’in-
difference. Les travaux qui ont pour objet la restauration de nos anciens e'difices
sont aujourd’hui exactement apprecie's. Naguere on a pu ne les regarder que
comme une diu de, ou meine un amusement ä l’usage des arche'ologues; main-
tenant Tinlluence conside'rable qu’ils ont exercee sur les arts, sur Tindustrie,
sur le goüt public, atteste leur importance et leur utilite. Un autre rdsultat
qu’on doit signaler, c’est le perfectionnement remarquable des nombreux ou-
vriers employe's dans ces meines travaux. Dans tous nos departements, aujour-
d’bui, se sont formes des hommes d’elite. Cbacun dans sa profession a fait des
progres conside'rables, et a, par conse'quent, ameliore ses moyens d’existence.
II est ä regretter qu’a une e'poque oü la Stagnation des affaires pesait d’une
maniere si cruelle sur les ouvriers en bätiment, Tadministration, au lieu de les
employer ä des travaux steriles, n’ait pas essaye' de leur procurer une occupation
serieuse et profitable en se servant de leurs bras et de leur intelligence pour la
restauration de nos monuments.
Les avertissements a ce sujet n’ont pas manque de la part de la Commission,
et, peu de jours apres la revolution, eile adressait ä un de vos pre'ddcesseurs
une sdrie de projets e'tudids ä Tavance et pouvant recevoir une exe'cution im-
mediate. Elle faisait remarquer que les travaux de restauration occupent pres-
que toutes les classes d’artisans et d’artistes; qu’il n’en est point ou la depense
soit plus profitable aux classes laborieuses, puisqu’elle estpresque entierement
le prix de la main-d’oeuvre. La variete' des travaux et meme des difficultes d’exe'-
culion stimulent le zele et de'veloppent Tintelligence des ouvriers. Repartis en
petits groupes et disse'mine's sur toute Tetendue du territoire de la Republique,
ils peuvent vivre a moins de frais et dchappent aux funestes se'ductions qui
trop souvent les attendent dans les grandes villes.
Ces considerations, Monsieur le Ministre, qui heureusement n’onl plus la
meme force aujourd’bui, ne sont pas les seules qui puissent etre invoqueesen
faveur des travaux de restauration. Si, en prdsence des difficultes financieres
du moment, quelques personnes e'taient lente'es de n’y voir qu’une depense de
luxe, pour ainsi parier, on pourrait repondre que ces e'dilices, inexactement