G02
EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
definis par ie nom de monuments historiques, onl une destination publique et
une utilite de tous les jours. A part quelques ruines romaines, gigantesques
Souvenirs d un peuple dont I’histoire est la base de nolre Systeme d’education,
que sont nos monuments hisloriques, sinon des e'glises, des hötels de ville,
des palais de justice? Supposons, pour un moment, que ces magnifiques mo
deles des arts d’une autre epoque soient entierement detruits, ne faudrait-il
pas les remplacer par d’autres eglises, d’autres lidtels de ville, d’autres palais
de justice? Supposons encore que le goüt public et le sentiment de la dignite
nationale fussent tellement change's en France, que, dans ces constructions
nouvelles, tout art, ou du moins tout ornement Tut absolument banni, et que
l’on ne refit enfin que ce qui est strictement indispensable pour Tutilite mate
rielle; il ne sera douteux pour personne que la ddpense resultant de ces tristes
constructions ne füt infiniment superieure a celle que couterait la restauration
complete de nos admirables monuments. A ne considerer les choses qu’au point
de vue pratique, leur Conservation est donc necessaire; eile est au nombre des
devoirs d’une administration eclairee. Mais est-ce en France, ou le gout est si
developpe, qu’on doittenir un pareil langage? Ce n’est pas a vous, Monsieur
le Ministre, que la Commission a besoin de rappeier la protection que les arts
ont toujours trouvde dans ce pays et Teclal qu’ils ont jete surson histoire.
Les agitations des deux annees qui viennent de s’ecouler, sans interrompre
les travaux de restauration que votre departement dirige, y ont cependant jete
queique trouble, et la Commission a du recemment appeler votre attention sur
des faits regrettables, qui probablement ne se renouvelleront pas. A cet sujet,
eile a cru devoir vous adresser quelques observations sur le facheux effet de la
Suppression du bureau des monuments historiques au ministere de Tinterieur,
et vous proposer des modifications dans le Systeme de comptabilite. Ces modifi-
cations, qui ont pour but d’accelerer l’execution des ü’avaux, auront sans doute
d’heureux resultats; mais il est impossible de se dissimuler que ce ne sont en
core que des ameliorations partielles, et qu’il reste beaucoup a faire pour etablir
dans les travaux de restauration Tunite de Systeme et de direction si necessaire
a leur sucees.
A differentes reprises, la Commission a entretenu vos predecesseurs de la fa-
cheuse division d’attributions qui place les monuments bistoriques dans plu-
sieurs departements ministeriels, et, par suite, sous des influences quelquelois
opposees. Elle a reclame souvent contre la Separation des cathedrales, dont la
plupart sont des monuments bisloriques de premier ordre. Ces reclamations,
toujours ecarte'es par des considerations poliliques, ne seront pas renouvelees
aujourd’hui que le departement des cultes, par la creation d’un comite special,
a introduit dans son administration lesprincipes que la Commission s’applique
depuis longtemps ä faire pre'valoir. Mais ce n’est pas seulement entredeuxmi-
nisteres que les monuments historiques sont divises; le ministere des travaux
publics et celui de la guerre en ont encore dans leurs attributions.
Peu de jours apres le 2A fevrier, la Commission demandait au Gouverne
ment provisoire que les palais et cbäleaux dependant de l’aucienne liste civile