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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
couvrirait les autres statues de ce groupe, et quelques journees de travail au-
raient suffi pour cette Operation. M. Ie Ministre de laguerre, surl’avis de MM. les
ofiiciers du genie, s’y refusa. Le Ministre de Finterieur n insista point, car
on etait dans l’attente d’une guerre, et on alle'guait Ie besoin de fortifier Sois-
sons au plus vite. Mais ces cas d’urgence sont rares, et, dans presque toutes
les occasions, Tadministration de la guerre use de la meine inflexibüite. Vos
predecesseurs ont demande a plusieurs reprises que, pour la restauration des
monuments historiques affecles au service de la guerre, des architectes attaehes
a volre departement fussent cbarges de la conduite et de la surveillance des tra-
vaux, quitte a se conformer aux exigences commandees par la destination mi-
litaire des bätiments. Cette obre a toujours e'te repoussee. Re'cemment encore,
a l’occasion des reparations de la chapelle du cbateau de Vincennes, un refus
semblabie a e'te formule et motive sur la competence de MM. les officiers du
ge'nie dans les travaux de cette nature et leur respect connu pour l’art et les
monuments.
Malheureusement, les faits parlent. Quiconque a visite le cbateau des Papes,
a Avignon, a pu juger du respect de MM. les officiers du genie pour les mo-
numents du moyen age. Peut-etre, a la verite, ce chäteau est-il ne'cessaire a
la defense du pays, qui serait compromise si Fon avait respecte' le couronne-
ment de quelques lours ou conserve quelques vieilles sculptures. Une place
moins importante, c’est le cbateau de Blois, dont Faile batie par F. Mansard,
pour Gaston d’Orleans, est convertie en caserne. On ose affirmer qu aucun ar-
chitecte n’eüt fait Fescalier qu’y a construit un officier du genie; aucun nau-
rait mis le ministere de la guerre en de'pense pour gratter a vif Fornementation
de la fa^ade. On peut esperer encore que Finlegritd du territoire n’eüt pas eie
compromise, si Fon avait confie a un architecte la direction des travaux execu-
te's re'cemment dans le couvent des Dominicains a Toulouse. Que cet edifice
soit indispensable au service de Fartillerie, cela estpossible; mais personne
ne doutera qu’un architecte n’eüt apporte plus de soius a en changer les dis-
positions. Probablement il aurait trouvd moyen de donner du jour sans de-
molir des fenetres en ogive, suns casser des meneaux de pierre pour les rem-
placer par des murs en briques; en un mot, il eut evile de transformer
completement un monument unique en son genre, lequel pourtant doit un jour
etre rendu dans son elat primitif a la ville de Toulouse, qui le loue au ministere
de la guerre.
Les exemples qui viennent d’dtre cite's sont celebres; on pourrait en ajouter
bien d’autres; mais ils sutfiront a prouver cette confusion regrettable dans des
attributions qui devraient etre distinctes. D’oii vient que des officiers exercent
les fonctions d’arcliilectes? Toute l’Europe a pu apprecier le savoir comme le
courage de nos officiers du genie; toutes nos provinces attestent qu’ils s’en-
tendent beaucoup mieux a renverser des forteresses qu’a conserver des monu
ments. Encore si, mettant de cote toute consideration d’art, on faisait dun
couvent un fort ou bien une caserne, avec le but avoue d’en faire oublier
la destination primitive; mais non, le ministere de la guerre protesle de son