C0L0N1ES FRANCA1SES.
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GUYANE.
Nulle colonie ne presentait une aussi grande variete de produits que la
Guyane; en premiere ligne, il faut citer ses bois de marine, dont certaines
essences possedent des qualites exceptionnelles de force, d’elasticite et de
duree. Le plusemploye dans nos arsenaux, l’angeliquc (Dicorenia Paraensts),
dure quatre fois plus que le diene,-a plus d’elasticite et moins de pesan-
leur que le teck, et remplace admirablement ce dernier dans le borde
sous blindage des navires cuirass^s; il peut etre egalement employe avec
avantage dans la confection des parquets et surtout dans celle des boiseries,
car il ne le cede en rien, comme beaute, au vieux ebene et au noyer. Mais
le bois le plus prise pour ce dernier usage est le wacapou plein avec
baguettes d’amaranthe (Copajera bracleata). Le mdange bien combine de
ces dcux essences produit des effets ddcoralifs remarquables, et leur prix
tres-modere (a5o francs le metre cube rendu ä Paris) perniet de les faire
entrer dans toutes les constructions oii le bois peint et le ebene cire
ont etc employes jusqu’ä ce jour.
Nous dirons peu de cliose des produits de l’industrie agricole de la
Guyane, car ses rhunis, son girotle, son sucre et son cafe si renomme
pour la delicatesse de son arome, n’entrent que pour bien peu dans le
ehiffre de l’exportation coloniale; le rocou seul peut etre eitel; niais les
brusques variations du prix de cette denree ne permettent pas d’en faire
la base d’un commerce soutenu; aussi le Jury a-t-il porte principalement
son attention sur les produits naturels du sol.
En premiere ligne vient l’or, dont la presence dans la colonie lut revelee
seulement en 1 855, par un Indien bresilien, du liom de Paoline. Plus
abondant qu’il n’a jamais ete en Californie, il donne aujourd’hui des be-
nefices fabuleux aux conipagnics qui l’exploitent, et on peut dire saus
exageration que certains cours d’eau en sont litteralement paves.
Un jour viendra cependant oii les placers de la Guyane francaise,
comme ceux d’Australie et de Californie, ne donneront plus que de faibles
rendements; c’est alors que sa population enrichie se tournera vers les
seules mines inepuisables de cc pays si peu connu et si calomnie, c’est-a-
dirc vers les produits naturels que recelent ses forets. Certains quartiers,
celui de Cachipour, par exemple, renferment une teile quantite de cara-
pas, qu’au mornent de la chute des semences le sol en est couvert, sur une
etendue de j)lusieurs lieues, d’une couche de plus de io eenlimetres
depaisseur; des milliers de tonnes de ces graincs oleagineuses, ainsi que
de celles de pekea, de nombreux palmiers et du muscadier ä suif, suffi-