77
COLONIES FRANCAISES.
de France vers la fin d’avril, et s’y rendent directement, ä part quelques-
uns qui passent a Saint-Pierre pour y prendre de la boete.
Les bätiments armes pour la peche de la cöte est quittent la France dans
les premiers jours de mni, et, malgre ce retard, y rencontrent encore
quelquefois de fortes banquises.
Tous ces navires commencent ä employer, au lieu de lourdes chaloupes
qui etaient le plus souvent coulees a leur arriere, de petits warys ä marche
rapide, construits sur le modele amdricain, et assez legers pour pouvoir
etre hissds sur le pont sans difficulte, pendant le mauvais temps; ils
pechent la morue avec la palancre; ceux de la cote est emploient des
sennes de 60 metres de long sur autant de large, dans leur plus grande
hauteur; aucun d’eux ne se sert de fdets, soit fixes, soit de d^rive, qui
rendent tant de Services dans les mers du Nord, lorsque la morue ne mord
pas ä l’hamecon, c’est-ä-dire au moment du frai et lorsqu’elie est grasse.
Nos pecheurs employaient autrefois, lors de ces dpoques critiques, la faux,
qui a du etre proscrite cornme blessant inutilement beaucoup de poissons
et tendant a faire d^serter les bancs; aujourd’hui qu’ils n’ont plus cette
ressource, il est a esperer qu’ils se decideront enfin ä employer le filet
norwegien, dans lequel la morue se maille si facilement.
On ne saigne pas la morue a la sortie del’eau, ce qui assurerait cepen-
dant sa Conservation; lorsqu’elle est dbreguee, decollee, tranchee, ^noctee,
on la lave, puis on l’empile dans la cale, sei dessus, sei dessous; mais
ces operations devraicnt toujours £tre faites aussitöt que le poisson vient
d’etre pris.
Les bateaux qui font la ptlche le long des cötes ne salent le poisson
qu’ä terre, huit ou dix heures apr&s qu’il est peche, ne l’enoctent pas et
le lavent rarement; il est generalement laiss4 pendant quinze ä vingt jours
dans le sei, puis lavd et sdche sur les greves, comme le klipfish norwegien.
Les sels employ^s sont generalement ceux d’Espagne, de Portugal, du
Midi et de l’Ouest de la France; mais la morue pr^paree avec ce dernier
pese plus au vert, et il en resulLe une perte au sec qui lui donne une
moins-value de 1 franc par 55 kilogrammes.
Les builes medicinales de foies de morues prdsentees par M. Riehe et
M rao veuve Delangle sont tres-limpides, tres-blanches, d’excellente qua-
lite, mais ne peuvent que difficilement lütter contre les magnifiques spe-
cimens provenant de l’usine Stabile a Bergen par M. Peter Möller. Il est
donc necessaire que nos fabricants fassent de sdrieux efforts pour rendre
leurs produits meilleurs encore.
Les appats employes pour la pöche de la morue sont : le hareng, le
capelan et rencornet.