AG1UCIJ LTURE.
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l’aicle duquel l’Angleterre arrive a fabriquer une quantite (Io fil qui cxi-
gerait, pour etre faitc a la main, 100 millions de filcuses experimen-
tees. Un Americain a imagine la machine a coudre, avec laquelle une
femme fait a la minute 6 Ao points, alors que la couturiere la plus habile
peut a peine en faire 23. La machine de Tailhouis est capable, guidee par
une seule ouvriere, d’executer le travail de ß,ooo tricoteuses ä la main.
Nous pourrions multiplier ces exemples en signalant les prodiges realises
par les decouvertes de Jacquard et de iant d’autres inventeurs qui ont
illustre la France.
L’industrie manufacturiere a reussi a centupler, et bien au dela, la
puissance productive de l’homme; chaque annee, la masse des matieres
premieres qui traversent ses usines s’accroit par l’activite fievreuse de
l’homme ä rechercher, dans les entrailles de la terre et a la surface du
glohe, tout ce r[ui peut satisfaire ses besoins; chaque annee, ce sont de
nouveaux materiaux que la chimie lui apprend ä utiliser; chaque annee,
ses dikhets diminuent, et eile parvient ä en extraire de nouveaux produits
qui accroissent les ressources de l’industrie ou de 1 agriculture. Qui ne
connait aujourd’hui ceux que Fon tire des residus de la distillation de la
houille, donnant ainsi une fois de plus raison a cettc belle definition du
charbon mineral : un rayon de soled condense, sohdiße avec sa puissance
calorifique et les splendeurs de ses couleurs ?
Non, l’agriculluro n’a pas realise d’aussi etonnants progres; eile est
restee plus terre a terre, plus humble dans la manifestation de ses decou
vertes. Mais est-ce sa faule? et les reproches qu on ne cessc de lui adrcsser
pour cela sont-ils merites?
Quand on compare l’agricullure a l’industrie, on oublie que cellc-ci
procede differemment (jue celle-la. Le but est sans doute le memc, la sa-
tisfaction des besoins de l’homme; mais les moyens sont bien autres.
Dans l’industrie manufacturiere ou miniere, les forces mises en jeu sont
relativement limitees, ettoulcs a la discretion de I hommc; il est maitre du
travail. Dans une filature, par exemple, que fait 1 industricl afin d accroitre
la masse du fil fabrique? Pour la matiere premiere, il n’a qu’a cn achetcr;
si le mar che est insuffisant, il (ileve ses prix, il active la production, sli-
mule le commerce des transports; au besoin, il recherche de nouvelles
sources a exploiter : c’cst une question dargent, il ny a la neu dembar-
rassant. Pour le travail du filage, s’il n’a pas un nombre de bras cn rap-
port avec ses besoins, il s’adresse a la mticanique, ahn den obtenir un metier
a l’aide duquelune femme puisse filer beaucoup plus. La machine une fois
concue, il n’y a plus, pour lui, qua produire la force necessaire pour faire
mouvoir les Organes appeles ä remplacer le doigt de 1 ouvriere. S d a
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