AGRICULTURE.
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Los Etats-Unis, qui offrent au monde l’exemple d’un dOveloppemcnt
unique dans l’histoire des societes, n’occupaient cependant ä l’Exposition
universelle qu’une surface relativement tres-restreinte.
L’espace que couvraient leurs produits de toutes sortes etait moindre
que celui qu’embrassait l’exposition de la Belgique; il egalait ä peine
celui de l’exposition de la Suisse, et etait bien infdrieur a celui de l’Angle-
terrc, 1’Allemagne, 1’Autriche, la France et la Russie; la Turquie et l’ltalie
avaient chacune le double d’etendue affecte a leurs matieres premieres et
ä leurs denrees manufactuiAes.
Dans le Palais des produits de l’industrie, les Etats-Unis avaient
i,358 metres carres, chemins compris, et i,a5o metres carres dans le
grand bätiment des macbines industrielles. Enfin leurs machines agri-
coles occupaient a peine 100 metres carres dans le pavillon oriental de
l’agriculture. C’elait en lout 2,708 metres carres, ou 1 metre par
300,000 hectares de superficie.
Ce fait n’a pas lieu de surprendre : le peuple des Etats-Unis est essen-
ticllement realiste; il ne se paye jamais de mots ni de demonstrations
vaines. Ues petites satisfactions de l’amour-propre comptent pour peu avec
lui; l’ostentation ne le toucbe pas; celle-ci ne lui importe qu autant qu eile
peut lui etre d’une utilitc imniediate ou prochaine et lui rapporter quel-
que cliose; aussi son exposition contrastait-elle singulierement avec celle
debeaucoup d’autres pays, qui ont cncombre leurs galeries de collections
de musees, d’objets de curiosild, de rebques ou de tresors plus ou moins
riches, plus ou moins rares, et cela pour exciter uniquement 1 admiration
des visiteurs.
Tout ce qui se voyait dans l’exposition americaine avait, au contraire,
un butbien marque; il ne s’y trouvait rien qui ne portat. On y rencontrait
les macbines et les matieres premieres qui sont l’objet dun grand com
merce ou qui sont susceptibles de devenir une branche importante dex-
portation; on y trouvait encore tout ce qui peut frapper l’imagination des
visiteurs d’une fagon favorable, leur inspirer l’envie de se fixer au milieu
des contrees qui produisent de si merveilleuses richesses, et par suite en-
tretenir ou accroitre ce courant formidable d’emigrants qui enleve regulie-
rement cliaque annee a la vieille Europe une partie de ses enfants et de
ses forces vives
1 De 1820 ä 1870, le nombre total des
emigrants arrives aux Etats-Unis a ete de
7,5oo,ooo, representant une valeur de 4a mii-
tiards du Capital le plus precieux pour un Etat,
c’est-a-dire du Capital humain. La Erance est
entree dans le chiffre de ces emigrants pour
2 55,ooo, les lies Britanniques pour 3,857,000,
et rAliemagne pour 2,367,000. A chaque re-
volution ou grande crise survenue en Europe
correspond une augmentation notable dans